« Si nous avons été avertis tout récemment, les faits, eux, se sont produits entre août et décembre 2020 et les corps, au moment du tournage des images le 13 janvier 2021, étaient encore éparpillés dans l’élevage », affirme L214. L’association a publié ce lundi 25 janvier 2021 une vidéo tournée à l’intérieur d’un bâtiment d’élevage situé près de Saint-Brieuc, dans les Côtes-d’Armor. « Les équipements des salles de maternité ont été démontés, l’élevage a été fermé et les cochons ont été abandonnés à leur sort », expose l’association.
À l’image apparaissent des cadavres de porcs en état de décomposition parfois très avancée. « Les cochons sont-ils morts de faim, de soif ou asphyxiés par manque de ventilation ? Comment le vétérinaire chargé du suivi de l’élevage au nom du groupement a-t-il pu passer à côté de cette situation catastrophique ? » s’interroge L214, qui annonce avoir déposé une plainte pour « cruauté et abandon d’animaux auprès du procureur de Saint-Brieuc ».
« Les animaux ne sont pas morts de faim »
Dans un communiqué publié le 23 janvier 2021, le groupement Cooperl, auquel appartient l’élevage visé, juge ces images « insoutenables ». « Au vu de l’état des cadavres, de leur disposition et de l’absence de traces de bagarres sur le cuir, le vétérinaire conclut à une mort des porcs qui remonte à environ 8 mois, des suites d’un étouffement brutal dont l’éleveur n’a informé ni la coopérative, ni son vétérinaire. Ces animaux ne sont pas morts de faim. »
Selon la coopérative, le bâtiment filmé par L214 est « un site d’engraissement » dont les derniers animaux ont été enlevés le 14 mai 2020, « la dernière livraison d’aliments sur ce même site datant du 9 mai 2020. À la fin mai de 2020, cet élevage a été fermé, physiquement, par l’éleveur à la demande de son vétérinaire, poursuit la Cooperl. Au vu de la vidéo, les animaux morts étouffés sont restés sur place sans que la coopérative et la société d’équarrissage en soient informées. »
« Fragilité morale et financière »
L’éleveur propriétaire de cet atelier d’engraissement détient un autre site de naissage pour lequel « la présence d’animaux en détresse » a été signalée le 4 septembre 2020, rapporte le groupement. Après deux mises en demeure de respecter « les exigences réglementaires en vigueur », « la mise en œuvre des actions correctives » a été constatée le 27 octobre. « Un nouvel audit sur le site de naissage est programmé par la Cooperl ce lundi 25 janvier. »
La coopérative fait état d’une situation de « fragilité morale et financière de l’éleveur », dont la société est « placée en redressement judiciaire depuis le 1er mai 2019 ». Elle considère que la vidéo publiée par L214 va « encore accentuer » la « précarité de la situation de cet éleveur », qu’elle accompagne « pour l’aider à quitter le métier ».