Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture, a été auditionné par la commission du développement durable de l’Assemblée nationale le 15 février 2022. Il a tiré un bilan du dispositif ayant permis l’utilisation dérogatoire de néonicotinoïdes sur les semences de betterave.
Indemnisation de plus de 7 900 planteurs touchés par la jaunisse, plan de prévention assorti d’engagements, mise en place du plan national de recherche et d’innovation (PNRI), gouvernance avec un délégué interministériel, texte de loi permettant la dérogation : « Nous avons dû prendre des décisions fortes, et parfois difficiles pour surmonter la crise », s’est-il remémoré. Tout comme l’État et le Parlement, « la filière a pris ses responsabilités », a insisté le ministre.
Alternatives et compensation
Le PNRI a été mis en œuvre en « un temps record, c’est-à-dire 8 mois ». « Nous avons la conviction, au moment où je vous parle, qu’il nous permettra de sortir de l’impasse, et de permettre aux agriculteurs de cultiver des betteraves sucrières sans néonicotinoïdes en 2024. »
21 projets ont été retenus et deux supplémentaires sont en cours de validation. 13 essais ont été mis en place. Selon la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB), des « réponses concrètes » devraient être apportées à la filière.
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L’instrument de stabilisation des revenus, sur lequel travaille la profession via le PNRI, est en cours d’expérimentation sur trois territoires : Hauts-de-France, Grand Est et Île-de-France.

Dérogations en Europe
Au sein de l’Union européenne, 11 États membres avaient déclaré, au 9 février, la mise en place d’une dérogation pour 2022 : la France, l’Autriche, la Belgique, la Croatie, le Danemark, l’Espagne, la Finlande, la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Roumanie.
« C’est deux états membres, à date, de moins qu’en 2021 », a précisé Julien Denormandie, citant l’Allemagne et la Lituanie. La Grande-Bretagne, quant à elle, s’appuie sur « d’autres dispositions ».
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Rôle de l’Inrae
Invité à s’exprimer sur la pertinence de la participation de l’Inrae aux votes du conseil de surveillance, que conteste le syndicat Sud Recherche, le ministre de l’Agriculture a estimé « ne pas comprendre » ces interrogations.
« On va considérer que l’Inrae est juge et partie parce qu’il se prononce dans un comité scientifique de pilotage dans lequel on l’a inscrit ? Cela m’étonne. Je crois en cet institut », a-t-il affirmé.