« Notre objectif était de finir les veaux nés sur l’exploitation plutôt que de les vendre à bas prix pour l’exportation, tout en alimentant des filières locales et en générant un revenu supplémentaire. C’est aujourd’hui chose faite depuis la mise en service d’un bâtiment d’engraissement en mars dernier », expliquent Sébastien et Audrey Lac, installés à Chaussenac (Cantal).
Le couple gère un troupeau laitier de 70 prim’holsteins dont le lait est livré à la laiterie Duroux en lait AOP Cantal (prix payé moyen de 490 €/1000 l en 2022-2023). Depuis 2018, Audrey transforme 6 000 l par an en yaourts et crèmes desserts valorisés dans des magasins locaux et à la ferme. Les jeunes éleveurs veulent « vivre pleinement leur métier dans leur époque ». La modernisation de la structure familiale est allée bon train depuis l’installation de Sébastien en 2008 avec son frère. Le double troupeau de 45 laitières et 80 salers est alors « converti » en troupeau laitier et une stabulation lumineuse de 80 places est construite en 2009. Audrey remplace Laurent en 2016. La traite devient robotisée tout en maintenant le pâturage. Deux nouveaux bâtiments sortent de terre pour les génisses et le matériel.

Bâtiment solaire
Pour mener à terme leur projet d’engraissement, Audrey et Sébastien saisissent l’opportunité de construire un bâtiment recouvert de panneaux solaires avec une centrale de 500 kW financé par un tiers investisseur. « Nous serons propriétaires du bâtiment dans trente ans. Pour l’heure, nous avons financé et réalisé tout son aménagement intérieur et le bardage pour un montant de 142 000 € (dont 38 000 € de subventions) et installé une pailleuse sur rail de 61 000 € », expliquent les éleveurs. Ils ont voulu un bâtiment fonctionnel et confortable pour les animaux. Les box de 18 m par 6 m accueillent au maximum 8 à 10 veaux. La pailleuse suspendue limite les poussières ainsi que l’utilisation du tracteur. Le curage est possible en présence des veaux grâce à un jeu de barrières. Le système de contention, de pesée et de manipulation se révèle efficace.
« Nous assurons ce travail supplémentaire dans des conditions appréciables à raison de 30 minutes à 1h30 par jour. »
Les premiers veaux laitiers de race pure ou croisés limousins nés sur l’exploitation sont entrés dans le bâtiment le 15 mars dernier. Leur élevage démarre soit par une alimentation au lait entier et à la poudre de lait avec une intégration progressive des concentrés jusqu’à leur sevrage entre 2,5 et 4 mois, soit par une conduite sous une réforme laitière qui adopte en moyenne deux veaux. Ces derniers sont alors sevrés entre cinq et six mois. Cette technique permet un gain de temps de travail et une meilleure valorisation des carcasses des réformes.
Ration complète
La ration journalière à l’engraissement se compose de 1 kg de matière sèche d’ensilage de maïs, 1,4 kg d’enrubannage de maïs épi, 1,7 kg de foin, 4 kg de blé, 1,6 kg tourteau de colza et 400 g de minéraux pour un coût de 2,17 € par animal et par jour. « Seuls le colza et les minéraux sont achetés. Nous réfléchissons à être encore plus autonomes, en particulier en protéines », souligne Sébastien.

Les veaux salers achetés à la coopérative Altitude sont quant à eux rentrés le 12 avril dernier. Âgés de 11 à 12 mois, ils pesaient entre 350 et 380 kg vifs. Leur sortie est programmée pour septembre à 700 kg vifs pour des carcasses devant être comprises entre 320 et 380 kg nets, classées en R et 2 ou 3 en engraissement. Un prix minimal garanti a été fixé à 5,22 €/kg carcasse. « Nous suivons précisément le GMQ des animaux grâce à des pesées mensuelles transmises à notre coopérative », apprécie Audrey. Les veaux laitiers croisés bénéficient également d’un contrat avec un prix minimal garanti de 5 €/kg carcasse.
« Cet atelier d’engraissement répond à nos aspirations d’éleveurs soucieux du bien-être animal et de l’environnement, se satisfait le couple d’éleveurs. Le transport des animaux est réduit au maximum, et leur consommation sur des filières locales valorise notre travail et nos convictions. »