Quel accompagnement pour les éleveurs laitiers dans leur projet de bâtiment demain ? La question était posée lors du forum « construire pour l’élevage laitier » organisé par le GIE Élevages de Bretagne, organisme régional interprofessionnel, le 16 mai 2024 à Plérin (Côtes-d’Armor). La Bretagne bénéficie d’un réseau de concepteurs et prestataires spécialisés grâce à l’existence du Comité régional bâtiment (CRB, lire l’encadré).
Un manque de recrues
Alors qu’on comptait près de 80 conseillers en 1998, ils ne sont plus aujourd’hui que 33. Une situation à mettre en parallèle avec la baisse du nombre de fermes laitières : depuis dix ans, on dénombre trois fois moins de chantiers, même si la région reste dynamique en matière de construction. La profession de conseiller en bâtiment manque aussi de recrues, car il n’existe pas de formation initiale. Les candidats se forment sur le tas et trouvent des ressources auprès du CRB.
Le principal nœud du problème reste la valorisation économique de la prestation. À l’origine, elle était considérée comme un service à l’adhérent d’une structure (coopérative, chambre d’agriculture…). Les bureaux d’études indépendants ont aussi des difficultés à devenir rentables.
« C’est vrai que les élevages sont moins nombreux, mais ils sont plus grands, avec des projets de plus en plus complexes », souligne Jacques Charlery, du GIE Élevages Bretagne. La stabulation pour 40 vaches d’il y a 30 ans ne requiert pas les mêmes compétences qu’un bâtiment de 200 places avec plusieurs robots. »
Un investissement pour une carrière
« Un projet de bâtiment ne se prend pas à la légère, renchérit Ronan Le Denmat, président du GIE Élevages de Bretagne. C’est un investissement pour une carrière. Il est indispensable d’être accompagné pour éviter de se tromper. Les bâtiments d’élevage présentent des enjeux économiques, techniques, environnementaux et sociaux qu’il faut intégrer en amont afin d’avoir un outil de travail adapté. Il y aura toujours des architectes pour faire des plans. Mais avec quelles compétences en matière d’élevage et pour quels tarifs ? »
Pour Jean-Pierre Clément, président du CRB : « Nous devons changer de culture et voire cette prestation davantage comme un investissement plutôt qu’un coût. Sinon les grands perdants seront les éleveurs. »