Depuis trois ans, Patrick Laugier se bat contre le conservatoire du littoral pour faire valoir ses droits. Âgé de 67 ans, cet éleveur de taureaux de combat est installé, depuis 28 ans, sur les 200 hectares de terre du mas de l’Ilon à Arles, dans les Bouches-du-Rhône, dont il exploite 175 hectares en fermage.

Des taureaux jugés "trop dangereux"

L’affaire commence en 2017, lorsque les propriétaires décèdent et lèguent le site, classé réserve naturelle régionale, à l’établissement public. « Nous nous sommes alors assis autour d’une table, explique Patrick Laugier. Il était évident que les activités du personnel du conservatoire devenaient incompatibles avec la présence des taureaux. Trop dangereux ! Les responsables de l’organisme ont proposé de m’indemniser pour que je parte. »

Un expert est désigné. Le montant d’indemnisation a été estimé à 900 000 euros en 2019. Un montant jugé « excessif et sans fondement », par le conservatoire du littoral qui ne va pas donner suite. « Entre-temps, j’ai contracté la maladie de Charcot, indique Patrick Laugier. Je ne m’en sers pas pour que l’on me plaigne, mais à partir de là, je n’ai plus eu de contact avec eux en dépit de mes nombreuses demandes. »

Vers une procédure de conciliation

Pis, en 2021 c’est l’impasse. Le conservatoire du littoral ne renouvelle pas le bail de l’éleveur qui arrivait à échéance. « Ses responsables m’ont proposé un bail précaire de six ans que j’ai refusé, souligne encore Patrick Laugier, qui a porté l’affaire devant les tribunaux sans succès. Aujourd’hui, je risque d’être expulsé sans compensation. Je perdrai tout, mon activité et mes taureaux. »

Après trois ans d’un imbroglio sans fin, Patrick Laugier a décidé de rendre son histoire publique. Le 14 novembre 2024, il a entamé une grève de la faim sur la place de la République à Arles. Son état de santé se dégradant, Patrick de Carolis, le maire de la ville, l’a fait hospitaliser dix jours plus tard avec son accord. Une centaine de personnes s’étaient mobilisées pour le soutenir.

« Mon histoire, c’est celle de nombreux agriculteurs », estime-t-il. Visiblement, son action a porté ses fruits. Dans un communiqué de presse, le conservatoire du littoral affirme qu’aucune procédure d’expropriation n’a été engagée et qu’une procédure de conciliation est en cours. L’éleveur attend désormais un dénouement rapide.