Âgée de 29 ans, Mathilde Robert s’est installée le 1er janvier 2021 à la suite de son père, Philippe, sur l’exploitation laitière familiale située en Normandie.

Connaître le métier

Titulaire d’un bac STAV (sciences et technologies de l’agronomie et du vivant) obtenu en 2012, Mathilde s’est perfectionnée en élevage en poursuivant ses études par un certificat de spécialisation (CS) en lait. En 2013, elle rejoint la ferme en tant qu’associée d’exploitation.

Deux ans plus tard, lorsque frappe la crise du lait, Mathilde suggère à son père de passer en bio. « Cette conversion a permis de conforter­ la ferme », souligne Philippe. Ce dernier propose, par la suite, à sa fille le statut de salariée. « Durant toutes ces années, j’ai pris goût au métier. Mon installation s’est naturellement dessinée », explique Mathilde, qui entame les démarches en janvier 2018 auprès du Point accueil installation­ de son département.

Faire valoir son projet

Rapidement, la jeune femme fait part de sa volonté de reprendre l’exploitation à l’identique. « Avec 280 000 litres, je ne voyais pas l’utilité de m’agrandir. Je voulais garder la même surface, le même nombre d’animaux, les mêmes bâtiments et le même matériel, précise-t-elle. Mais simplement apporter quelques améliorations, comme l’agran­dissement de la fumière. »

Lorsqu’elle va à la rencontre des banques, elle se confronte à un premier obstacle. La banque familiale refuse de la suivre dans son projet de reprise sans augmentation de volumes. Elle démarche un autre établissement qui accepte.

Faire face aux imprévus...

En octobre 2019, la future éleveuse entame les démarches auprès des sept propriétaires fonciers pour préparer la transmission du patrimoine. L’un d’entre eux souhaite signer un bail de vingt-cinq ans, par définition non renouvelable, pour 25 hectares au cœur de la ferme. Un coup dur pour Mathilde qui doit revoir son projet et risque de perdre quasi un tiers des surfaces. « Souvent, le sujet du foncier semble acquis. C’est essentiel d’aller voir les propriétaires rapidement dans le cas d’une reprise, notamment hors cadre familial où il n’y a pas de cession de baux », alerte Christian Body, conseiller d’entreprise à la chambre d’agriculture de Normandie.

...et s’adapter

Après des semaines de négociation, le propriétaire accepte de signer un bail de dix-huit ans avec Mathilde et de lui vendre la maison d’habitation jouxtant l’exploitation. Cette nouvelle tournure impose à l’agricultrice de rencontrer une nouvelle fois sa banque pour un emprunt.

La transmission aura mis presque trois ans à aboutir. « Si j’avais une remarque à faire, c’est qu’il aurait fallu s’y prendre encore plus tôt », sourit la jeune femme. Alessandra Gambarini