Pertinence des assurances climatiques

L’année 2019 est présentée, selon Delphine Létendart, directrice du marché agricole chez Groupama, comme une année « sinistrée » avec « une succession d’aléas climatiques ». Et pour cause, 250 millions d’euros ont été versés par l’assureur au titre de ses contrats d’assurance multirisque climatique sur les cultures et sur la vigne.

 

Premier assureur du marché français, Groupama a présenté sa stratégie face au changement climatique et à la récurrence des sinistres lors d’une rencontre avec la presse ce 4 février 2020. À eux seuls, la sécheresse et les coups de chaleur représentent 47 % des indemnités versées pour 2019. Au total, 63 millions d’euros supplémentaires ont été versés par rapport à l’an dernier.

Assurer les prairies

Groupama poursuit le développement des outils de gestion avec une offre étendue aux prairies dont l’indemnisation est indicielle. Aujourd’hui, 20 800 ha de prairies en bénéficient soit 0,8 % des surfaces assurées en multirisques climatiques.

 

Sur ce dossier, l’assureur souhaite une meilleure articulation avec le FNGRA (Fonds national de gestion des risques agricoles) qui indemnise les exploitations reconnues sinistrées par l’administration au titre des calamités agricoles.

 

En effet, ces deux dispositifs sont exclusifs, une situation « difficilement acceptable, qui provoque de vraies insatisfactions sur le terrain et qui mène à une perte de confiance », explique Jean-Yves Dagès, président chez Groupama.

 

Ce travail d’articulation fait notamment partie des travaux menés dans le cadre de la réforme des outils de gestion des risques initiée par le ministère de l’Agriculture.

Pérenniser l’assurabilité des cultures

« On ne peut plus raisonner demain comme on a raisonné les dernières années », déclare Pascal Viné, directeur des relations institutionnelles et des orientations mutualistes pour Groupama. Effectivement, l’année 2019 encore lourdement sinistrée n’a fait que fragiliser davantage le marché de l’assurance. Pour l’illustrer, le ratio sinistre sur primes qui traduit la rentabilité de l’assureur est depuis 2016 supérieur à 100 %. Groupama verse donc plus d’indemnités qu’il ne perçoit de primes sur ses contrats depuis 4 ans.

 

Depuis 2018, l’assureur a donc engagé un travail de concert avec l’ensemble des acteurs privés et publics pour créer un « pool » mutualisant les portefeuilles de risques et pérennisant l’assurabilité de toutes les cultures. Pascal Viné confie qu’un travail est en cours avec l’État pour intégrer la caisse de réassurance à ce pool. L’objectif est que cette proposition soit retenue dans la réforme des outils de gestion des risques.

À ce propos, les annonces initialement prévues pour le début d’année ne sont finalement pas attendues avant le Salon international de l’agriculture.