Le Dorat, petite bourgade d’à peine 2 000 habitants, en Haute-Vienne, s’apprête à vivre au rythme des tondeuses pendant près d’une semaine du 4 au 7 juillet. Personne n’aurait pourtant misé sur les chances de ce groupe de passionnés de tonte, réunis autour de Christophe Riffaud, quand ils ont porté leur candidature auprès du World Concil.
« La France a remporté une grande victoire en obtenant l’organisation de ce Mondial 2019, souligne Alain Belliard, le coach de l’équipe de France. Elle est celle d’un collectif perspicace et dynamique. » Les membres viennent d’horizons divers et de toutes les régions françaises. Ils ont travaillé d’arrache-pied avec la participation de 500 bénévoles.
Sur le plan de la logistique, le championnat du monde 2019 a nécessité la sélection de 5 000 animaux au sein des exploitations situées dans un rayon de 40 kilomètres autour de la commune. Ces moutons « approvisionneront » les épreuves qui comprennent des éliminatoires, puis des demi-finales et des finales pour les trois catégories (« tonte machine », « tonte aux forces » et « tri de la laine »). L’ordre de passage des tondeurs de moutons et des trieurs de laine est tiré au sort grâce à un algorithme informatique.
Les concurrents se présentent avec leurs propres poignées, peignes, contre-peignes et forces. Comme pour une tronçonneuse, l’affûtage occupe une importance primordiale dans la réalisation de la performance. Des stands pour aiguiser le matériel figureront sur le site pour répondre aux besoins des compétiteurs, à l’image des coulisses des cours de Roland-Garros, où sont présents les raccordeurs des plus grands champions.
Les tondeurs devront aussi rester vigilants lors des épreuves pour ne pas laisser échapper une brebis sur le podium, car aucun temps supplémentaire ne leur sera accordé. De même si leur matériel connaît un dysfonctionnement. Ils doivent être capables d’attraper le mouton, de démarrer et d’arrêter leur machine, puis d’évacuer l’animal par le toboggan à la fin. Ils stoppent leur machine entre chaque bête.
Attribution de pénalités
« Dans la notation du concours, trois éléments sont pris en compte : le temps, la qualité de la tonte et les finitions », décrit Klaus Kieffer, référent des juges « machine ». Ainsi, le candidat le plus rapide n’est pas forcément le mieux classé. Il faut attendre le verdict des juges qui observent la qualité de la tonte sur le podium puis celui de ceux qui intègrent le respect de l’animal et la propreté du travail en fin de round. « Les recoupes sont sanctionnées en cours de tonte, explique Klaus. L’animal est également inspecté à la fin pour vérifier si des griffures ou des mèches non tondues sont présentes », détaille-t-il. Le système de notation se caractérise par l’attribution de pénalités au fil de l’épreuve.
Le concours du « tri de la laine » est jugé en deux fois. La première a lieu sur le podium lors de la tonte. Le compétiteur doit séparer différentes parties de la toison (le ventre, les laines courtes, les défauts de couleur…) et les déposer dans des caisses dédiées. La deuxième partie s’effectue lors de l’inspection des lots. Le temps est également pris en compte.
Chiens de troupeauet bûcheronnage
Pendant ce Mondial, les organisateurs ont prévu un espace pour faire découvrir la filière ovine et les produits régionaux aux 50 000 visiteurs attendus. Sur les 7 hectares du site, une ferme pédagogique sera présente et des démonstrations et compétitions de chien de troupeau sur brebis, vaches et oies auront lieu. Des épreuves de bûcheronnage (sciage au passe-partout) seront également au programme avec une participation du public.