La vente de la laine ne rémunère pas le tondeur dans de nombreuses situations. « En France, les écarts de prix restent marqués, comme ils l’ont été en 2018, note Jules Kister, tondeur. Celle issue des mérinos, donc plutôt fine, est achetée entre 2 et 3 €/kg. Les tarifs pour les toisons des brebis du Massif central dégringolent souvent en dessous de 1 €/kg, tandis que la fibre jarreuse issue des animaux de races rustiques n’est parfois plus collectée. » C’est un fait nouveau ces dernières années pour se débarrasser de certains lots. Ce qui reste la coutume, c’est l’export des curons (grands sacs).
« Environ 80 % de la laine récoltée dans l’Hexagone partent vers la Chine et parfois ces volumes reviennent chez nous, explique Audrey Désormeaux, de la Fédération nationale ovine. Une toute petite partie est transformée sur le territoire national.
Des pistes à explorer
De plus en plus d’initiatives locales sont toutefois recensées. « Il y a une demande pour des produits locaux écoresponsables, souligne-t-elle. La laine possède de nombreuses qualités, comme la longévité. Au Royaume-Uni par exemple, la fibre est utilisée dans la fabrication de meubles. La filière laine dispose de nombreuses pistes pour se développer, mais il ne faut pas que cela se fasse au seul profit des transformateurs. »
Sur le terrain, un certain nombre d’éleveurs refusent que le produit de leurs animaux ne soit pas évalué à sa juste valeur, à l’image des agriculteurs de l’association Mérilainos, dans le Sud-Est (voir encadré ci-dessus). Il faut alors aller à l’étranger pour les opérations de lavage et de transformation, car la quasi-totalité des outils industriels ont disparu de notre territoire.
Outre l’habillement, la laine est utilisée pour la fabrication des matelas, coussins et l’écoconstruction, pour laquelle de nombreuses pistes restent à explorer. Au Mondial 2019 au Dorat, une vitrine consacrée à la laine livrera des informations à propos de ces réalisations.