« Nous commençons à être submergés par les importations », concède Jean-Michel Schaeffer, le président de l’interprofession de la volaille de chair (Anvol). « On est en train de dépendre de tout le monde », enchérit Gilles Huttepain, le président de la Fédération des industries avicoles (FIA). Les chiffres parlent d’eux-mêmes. L’an passé, les importations françaises de viande de volaille ont augmenté de 10 % sur un an. Résultat, le solde de la balance commerciale se creuse, s’établissant à –406 000 tonnes équivalent carcasse (tec) en volume et –1,2 milliard d’euros valeur.

La moitié de la viande de poulet consommée

Concrètement, 43 % de la consommation de volaille du pays était importée l’an passé, selon Anvol. Pour le seul poulet, cette part grimpe à 50 %, contre 45 % en 2021, 40 % en 2010 et… 25 % en 2000. Un record, de l’aveu de l’interprofession. Le poulet est la viande de volaille est la plus plébiscitée dans l’Hexagone, notamment par la restauration hors domicile. C’est donc la plus importée.

- La moitié de la viande de poulet consommée en France, est importée.

Les principaux fournisseurs de la France sont la Pologne, dont les tonnages ont progressé de 26,3 % par rapport à 2021, la Belgique (+12,7 %) et les Pays-Bas (–2,3 %). Pour ces deux dernières origines, « une partie des volumes provient en réalité de pays non-membres de l’Union européenne, précise Gilles Huttepain. Ces viandes arrivent dans les ports de Rotterdam ou d’Anvers, sont déchargées pour être transformées puis réexportées. »

Crise sanitaire

Le recul de la production française de volailles de chair a nettement favorisé ces approvisionnements extérieurs. L’an passé, elle s’est repliée de 7,6 % par rapport à 2021, « essentiellement en raison de la crise sanitaire historique d’influenza aviaire », explique Jean-Michel Schaeffer. Les espèces ont été inégalement touchées. La production de poulet a le moins souffert (–1 % à 1 million de tec). A contrario, celle de canard à rôtir a chuté de 33,7 %, à 54 140 tec. Les dindes paient également un lourd tribut (–16,9 %, à 245 500 tec) ainsi que les pintades, dans une moindre mesure (–7,6 %, à 23 500 tec).

En parallèle, la hausse des coûts de production a également fragilisé les éleveurs. Pour le poulet, qui représente 75 % des volailles de chair élevées dans en France, ils ont progressé de 23 % en 2022, par rapport à 2021, et de 50 % en trois ans. Si le coût de l’aliment tient une place prépondérante à raison de 60 % du coût de production total, le prix des poussins tout comme celui de l’énergie ont aussi bondi l’an passé.

- Les coûts de production du poulet ont progressé de 23 % en 2022, par rapport à 2021.

Dans ce contexte économique et sanitaire particulièrement sensible, l’Anvol s’attend, en 2023, à une nouvelle baisse des mises en place de volailles de chair dans l’Hexagone, de l’ordre de 6,4 %.