En moins de deux ans, l’IA s’est imposée aussi bien dans la vie courante que dans les matériels agricoles. Jusqu’à présent, elle se résumait principalement à l’analyse du comportement des animaux d’élevage et à la détection et l’identification d’adventices pour la pulvérisation ciblée. Mais sur Agritechnica, les visiteurs découvriront de nombreuses nouvelles applications, qui vont notamment aider les chauffeurs à améliorer leurs réglages, voire les réaliser à leur place.

Qualité de l’ensilage

L’application la plus inattendue concerne le réglage de l’ensileuse. Trois constructeurs vont d’ailleurs dévoiler une solution équivalente : Auto Chopping chez Claas, Forage Quality Cam pour Fendt et Forage Cam de New Holland. Elle consiste à utiliser une caméra montée dans la tuyère d’éjection et une intelligence artificielle pour déterminer le CSPS (Corn Silage Processing Score) qui mesure la qualité de l’éclatement des grains dans l’ensilage. Cette solution permet d’adapter rapidement le réglage de l’éclateur sans passer par le test fastidieux du tamis. Sur l’ensileuse Claas, le Cemos Auto Chopping repère les écarts de valeur du CSPS mesuré par rapport à la valeur cible demandée par l’éleveur et ajuste ensuite automatiquement l’écartement des rouleaux de l’éclateur, la vitesse d’avancement et la puissance moteur. Les données collectées peuvent être transférées vers le système de télémétrie Claas connect, y être documentées et utilisées pour suivre la qualité de l’ensilage et surtout la facturation, dans le cas d’un entrepreneur.

Avec l'IA, une caméra montée dans la tuyère remplace le fastidieux test du tamis pour ajuster les éclateurs de l'ensileuse. (© Claas)

Analyse de l’engrais

L’autre marché qui va être bouleversé par l’IA est celui de l’épandage d’engrais solides. Ainsi, à partir d’une simple photo, il est désormais possible d’obtenir les caractéristiques précises d’un engrais ainsi que les préconisations de réglage de l’épandeur. Cette solution évite le recours fastidieux au test de granulométrie. Le système d’identification de l’engrais d’Amazone, nommé EasyMatch, génère, par une prise de vue de l’engrais avec le smartphone et l’utilisation un gabarit de référence, une empreinte numérique avec plus de 250 paramètres physiques. L’IA les compare hors ligne avec les empreintes répertoriées dans la banque de données d’engrais. De son côté, le français Sky Agriculture avec son dispositif FertiEy met à la disposition du chauffeur un système de prélèvement d’échantillon qui sépare mécaniquement les granulés puis prépare la prise d’image calibrée en forme et en couleur. Il suffit ensuite de prendre en photo les granulés disposés sur l’échantillonneur pour qu’un algorithme basé sur l’IA réalise une analyse d’image en mesurant avec précision les caractéristiques morphologiques de chaque grain : diamètre, angularité, distribution des tailles… Chez les deux constructeurs, le chauffeur reçoit une préconisation de réglage.
Amazone va même plus loin avec un distributeur d’engrais centrifuge qui se règle en totale autonomie. Le chauffeur se contente d’indiquer sa dose et surtout sa largeur d’épandage et le dispositif AutoSpread prend le relais. Amazone s’appuie sur tout un ensemble de capteurs et deux radars. Les informations collectées servent à réaliser un premier réglage qui est envoyé en temps réel à une intelligence artificielle basée chez Amazone. Cette dernière compare les réglages avec ceux d’une base de données géante et les valide s’ils sont adaptés.