À Rimeize en Lozère, les associés du Gaec de la Rimeize, Dominique, Monique et Adeline Pauc, doivent répartir leurs 450 brebis et agnelles blanches du Massif central dans quatre bergeries. « Afin de simplifier le travail, mes parents ont abandonné la conduite en trois agnelages sur deux ans pour revenir à un seul agnelage par an », explique Adeline, qui les a rejoints en 2018.
Tout est optimisé afin de maintenir de bons résultats. La sélection de longue date du troupeau a permis d’améliorer la valeur laitière des mères. « Nous pesons les agneaux à trente jours pour calculer l’index des mères, et nous nous appuyons sur celui-ci pour choisir les agnelles destinées au renouvellement », précise-t-elle. L’index laitier moyen des mères atteint aujourd’hui 105, alors que la base de sélection de la race est à 100.
Agnelage à contre-saison
L’agnelage principal est positionné en août pour approvisionner à contre-saison la filière IGP Agneau de Lozère Elovel. Celui des agnelles et des brebis en rattrapage s’étale sur décembre et janvier. « En août, l’agnelage a lieu au pré. Il fait chaud mais des arbres fournissent de l’ombre. Les brebis choisissent leur coin et adoptent plus facilement leurs agneaux », observe Adeline.
Ceux-ci sont rentrés en bergerie au fur et à mesure des naissances. Les mères pâturent ensuite seules durant la journée sur des prairies groupées autour de chaque bergerie. Durant un mois, elles reçoivent une ration d’enrubannage et d’aliment ajustée en fonction de l’herbe disponible dehors, afin de bien démarrer leur lactation. « Nous utilisons aussi l’enrubannage pour le flushing en mars, ce qui améliore la fertilité », ajoute la jeune éleveuse.
Avec une prolificité de 165 agneaux pour 100 brebis, il y a des jumeaux et des triplés. « Certaines mères arrivent à allaiter trois agneaux. Mais le plus souvent, nous faisons adopter le troisième par une brebis qui n’en a qu’un. » Les pertes ne dépassent pas 7 ou 8 %, et la productivité numérique atteint 130 à 140 agneaux pour 100 brebis.
À 1 000 mètres d’altitude et avec seulement 115 hectares pour 450 brebis et agnelles et 30 vaches allaitantes, les associés ont choisi de ne pas cultiver de céréales afin de privilégier l’autonomie en fourrages. Ils doivent donc acheter des aliments complets. Les brebis en reçoivent 50 kg par tête en moyenne et les agneaux 55 kg, ce qui reste modéré pour des agneaux de bergerie. « Les premiers partent au début d'octobre et les derniers à la mi-décembre. Leurs mères sont ainsi à l’entretien quand le froid arrive », expose Adeline.
Bonne marge brute
Les agneaux donnent des carcasses classées R3 en majorité, pesant de 15 à 16 kg à 94 jours d’âge. « De septembre au début de décembre, ils bénéficient d’une prime de désaisonnement variable en fonction des semaines. En 2022, prime comprise, le prix moyen a ainsi atteint 9 €/kg », apprécie-t-elle.
Avec un seul agnelage par an, les brebis se fatiguent moins, ce qui améliore leur longévité. L’âge moyen du troupeau atteint 60 mois contre 42 mois en moyenne pour la race. « Nous ne réformons que celles qui restent vides ou qui ont perdu leurs deux quartiers après une mammite. Le taux de renouvellement ne dépasse pas 15 %, ce qui réduit les coûts. »
Tous ces éléments bien maîtrisés permettent de dégager une bonne marge brute. Aides directes incluses, celle-ci a atteint 994 €/UGB en 2021, soit 142 € par brebis. En 2022, avec un coût des aliments qui a grimpé de 20 %, elle a fléchi à 850 €/UGB mais reste bien supérieure à la marge brute des vaches allaitantes, qui s’établit à de 550 €/UGB.