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« Je suis la 3e génération à faire de l’engraissement de jeunes bovins sur l’exploitation. M’installer était la suite logique mais la situation économique ne permettait pas de dégager un revenu supplémentaire », se rappelle Thomas Schoenfelder, éleveur à Wintershouse (Bas-Rhin), replongeant dans ses souvenirs de 2014. Pour rejoindre son père sur la ferme, il a investi dans un agrandissement considérable en doublant la production de jeunes bovins.
En l’espace d’un an et demi, l’élevage est passé de 350 à 750 places à l’engraissement. « Au total le chantier a duré deux ans. Il a fallu construire un bâtiment de stockage de 1 800 m², un bâtiment d’élevage de 2000 m², ainsi que transformer l’ancien bâtiment de stockage en espace de quarantaine pour l’arrivée des broutards », explique l’éleveur. Le projet initial aspirait à tripler la production pour atteindre 1 200 places, mais la construction du dernier bâtiment est pour le moment mise en pause. « Nous avons greffé une méthanisation sur le site en 2020 afin de valoriser nos 7000 tonnes de fumier. J’ai priorisé cet investissement car l’achat d’électricité est contractualisé sur 20 ans, ce qui me garantit un revenu. Et je ne ressens pas le besoin d’agrandir la partie élevage pour le moment ».

Des économies grâce aux coproduits
Le bâtiment de quarantaine est un passage obligatoire pour chaque nouveau lot de broutards arrivant sur la ferme. Vermifugation, vaccination, pesée. Durant leurs 40 premiers jours sur la ferme, les animaux suivent une transition alimentaire. « Ils reçoivent d’abord du foin à volonté pendant 2 jours, puis nous introduisons progressivement la ration sur 3 semaines, en augmentant à l’œil. Si les bouses sont trop liquides, je garde davantage de fibres avec le foin », prévient Thomas.
La ration journalière de « croisière » des jeunes bovins est constituée en brut de 8 kg de maïs ensilage, 6 kg de pulpe de betterave, 1 kg de fibre (foin ou regain), 3 kg d’herbe ensilée, 3 kg de drêche de brasserie, 3 kg de corn gluten feed, 500 grammes de tourteaux de colza et 2 kg de maïs grain broyé. Le tout, pour un coût total de 1,65 à 1,70 € par animal et par jour. « Avant, nous vendions 100 % des céréales et une partie du maïs que l’on produisait. »
Tout est désormais gardé pour la ration. « Je complète avec des coproduits grâce auxquels je fais des économies sur les protéines. Avant je donnais 1,5 kg de tourteau de colza. Maintenant je compense grâce à l’herbe ensilée mais aussi au corn gluten feed ». L’irrigation sur la ferme permet de sécuriser l’alimentation. « J’irrigue 80 % de la sole en maïs. Sans ça, c’est difficile d’assurer le rendement ».
80 animaux sortis par mois
Les broutards restent en moyenne 270 jours en engraissement, pour un besoin individuel de litière de 4 kg de paille par jour. « J’achète 300 ha de paille, ou je fais des échanges de paille contre du digestat du méthaniseur. On rentre parfois la paille de loin. Pressée et rendue sur la ferme, elle me coûte 45 € la tonne en moyenne », chiffre l’éleveur.
L’objectif économique de l’atelier d’engraissement de jeunes bovins est précis : atteindre un produit brut de 3,50 € par animal et par jour. « J’achète des broutards autour de 380 à 400 kg vif, à 1 400 €, et je les revends à 2 400 € en moyenne pour un poids de carcasse autour de 435 à 460 kg », calcule Thomas. Pour 750 places à la production, entre 900 et 1 000 jeunes bovins sont produits. « Un lot de 80 animaux part tous les mois à l’abattoir ».
L’éleveur se souvient de marges faibles avant la crise du Covid-19. « Les marges ont été multipliées par trois voire quatre depuis. Le prix de vente était à 3,80 € tandis qu’aujourd’hui, il se stabilise autour de 5,40 € ».