« Notre principal souci, aujourd’hui, c’est de retrouver la même machine », rapporte Didier Chabbert, responsable de la fabrique à la ferme (FAF) à la Cuma du Causse de Villeneuve. Depuis qu’elle a été adoptée, en 2008, la FAF en Cuma a rencontré un succès qui ne se dément pas. Tous ceux qui ont essayé l’ont adopté : « Seuls ceux qui ont arrêté l’agriculture ou qui sont partis à la retraite ne l’utilisent plus. Les autres sont restés », se félicite Didier.
Il faut dire que ses 12 utilisateurs (éleveurs bovins et ovins, en viande et en lait) y voient de nombreux avantages. À commencer par le prix de l’aliment. À Villeneuve, Didier et son collègue Julien Hugonenc, tous deux éleveurs de veaux de l’Aveyron, font le même calcul : « avec cet outil, sachant que je produis mes céréales, l’aliment me coûte entre 250 et 280 euros par tonne. Alors que pour l’aliment complet prêt à l’emploi, on est à 380 euros par tonne », chiffre Julien. Le coût intègre l’utilisation de l’outil, qui s’élève à 30 euros par heure environ. « Quand on s’était lancés, j’avais calculé un gain de 10 000 euros par an », relève Didier.
Un outil très rapide
L’appareil, plus puissant qu’une fabrique individuelle, présente un débit intéressant. « En étant bien organisés, on fabrique 4 tonnes par heure. Si l’on utilise uniquement l’aplatisseur, on est plutôt à 7 tonnes par heure ». De quoi produire en une demi-journée un mois d’aliment pour un troupeau de 85 mères, comme c’est le cas chez Didier.
Le montant de l’investissement s’avère par ailleurs modéré. « J’avais étudié un projet d’achat en individuel. Cela s’élevait à 38 000 euros, se souvient l’éleveur. Notre engin produit par un forgeron alsacien, que nous avons racheté à une Cuma du Cantal, nous a coûté à l’époque 52 000 euros. » En 2008, se remémore-t-il, « on payait l’aliment très cher et les coopératives nous achetaient les céréales très bas. Plusieurs éleveurs réfléchissaient donc à investir dans une fabrique en individuel. Et on est tombés sur cette machine. » La Cuma du Causse de Villeneuve permettant l’adhésion d’agriculteurs des cantons voisins, un équilibre économique est trouvé, avec un amortissement sur dix ans.
Restent les questions d’organisation. « Celui qui se sert de la fabrique va la chercher chez le dernier utilisateur et la stocke à son tour à l’abri », résume Julien. Le responsable de l’outil sait où il se trouve et « on essaie de prévenir les voisins quand on l’a ». Avec parfois quelques tensions. « Ça coince un peu en juin et au moment des ensilages, car beaucoup la veulent en même temps. Mais on s’en sort », assure Didier.
Autre difficulté : lorsque l’engin tombe en panne. Le responsable de la fabrique guide alors l’utilisateur pour remédier au problème. « Mais il est arrivé que, le temps qu’on répare, certains n’aient plus d’aliment, témoigne l’éleveur. Heureusement, on s’entraide entre voisin. On a toujours trouvé des solutions ».