« En cas de températures extrêmes, une modification de la ration s'avère très efficace », explique Christophe Sudraud, vétérinaire au cabinet Scaner. Un stress thermique peut causer chez les ruminants des modifications métaboliques, une acidose, une inflammation générale, mais surtout — et souvent — une instabilité intestinale. Cette mauvaise digestion peut être atténuée chez les jeunes bovins en bâtiment, dont la ration est contrôlée par l’éleveur. Tout d'abord : l'eau. Un compteur peut être installé à l’abreuvoir. « Une eau chaude favorise le développement de micro-organismes, qui peuvent accentuer les troubles digestifs », commente l'expert.

Distribuer le soir

Les fibres apportées doivent être « efficaces ». L'objectif étant d'assurer une bonne rumination. « Il est recommandé d’analyser la ration et de la tamiser », poursuit Christophe Sudraud. La taille des fibres doit être supérieure à 8 mm et la quantité d’amidon peut être diminuée : « Il est préférable de remplacer les céréales à paille (blé, triticale) par des aliments cellulosiques comme la pulpe de betterave, la coque de soja ou encore l’épeautre. »

Le tamisage de la ration permet de s'assurer que les fibres sont supérieures à 8 mm. ( ©  Christophe Sudraud)

La fermentation produit de la chaleur. C’est pourquoi une distribution le soir est à privilégier. Cet horaire écarte également les risques de contamination fongique en cas d’échauffement de la ration. « Il est envisageable d’incorporer des conservateurs biologiques à l’ensilage ou de l’acide propionique dans la mélangeuse. » L’ajout de matière grasse — notamment la graine de lin extrudée — permet de lutter contre deux symptômes du stress thermique : l’acidose et l’inflammation. En plus d’être une source d’énergie importante, cet oléagineux est riche en antioxydants.

Un mélange sur mesure

« Plusieurs substances tampons peuvent être intégrées à la ration, pour maintenir l’ingestion des jeunes bovins, qui diminue en cas de fortes chaleurs. » Bicarbonate de sodium, lithothamne, oxyde de magnésium, carbonate ou bicarbonate de potassium peuvent être introduits dans la mélangeuse.

« L’ajout de levures vivantes est également essentiel », poursuit Christophe Sudraud. Leur action directe sur le pH ruminal permet de limiter sa diminution. Alors, on double la dose : « 10 milliards par jour en hiver et 20 milliards en cas de températures hautes. »

Si la chaleur entraîne un stress oxydatif, la qualité de la viande peut être directement impactée. Vitamine E, sélénium, polyphénols, bêta-carotène… : « Il vaut mieux diversifier les sources d'antioxydants. » Toutes ces substances tampons peuvent être préparées sur mesure par le marchand d’aliments : « Un complexe minéralovitaminique permettra de tout gérer en même temps. »

Un suivi est indispensable après ces changements. « Une prise de sang, après 30 jours de complémentation », suggère le vétérinaire. Dans le cas des jeunes bovins, le GMQ importe énormément : une pesée peut être faite durant l’été.