« L’herbe au cœur des régimes de finition des bovins mâles du troupeau allaitant bio pour répondre aux marchés de demain. » Tel était le sujet abordé par l'Institut de l'agriculture et de l'alimentation biologiques (Itab) et le Pôle Bio Massif central le 5 octobre dernier, lors d'une conférence organisée au Sommet de l’élevage à Cournon (Puy-de-Dôme). Lancé en janvier 2021, le projet Proverbial (1), qui  réunit une douzaine de partenaires pilotés par l’Institut de l’élevage vise à accompagner une réorientation des broutards exportés vers la production de bœufs rajeunis, jeunes bovins, très jeunes bovins, voire des veaux lourds. « Les mâles ne représentent que 29 % de l’ensemble des bovins issus d’élevages bio et abattus en France en 2021, explique Marion Kentzel, de l’Idele. Un grand nombre de veaux quitte le label bio pour être exportés en broutards. Nous souhaitons proposer des itinéraires techniques qui valorisent la voie mâle en cohérence avec les attentes des consommateurs en restauration hors domicile. Nos essais sont conduits sur deux zones pilotes : l’Occitanie et le Massif central. »

Carcasses classées R

Des tests de rationnement à l’herbe ont été menés sur trois stations expérimentales et huit fermes bio avec des conditions pédoclimatiques et des races différentes. Des veaux sevrés de moins de douze mois ont été produits à la station des Bordes (Indre) en race limousine et à l’Inrae de Laqueuille (Puy-de-Dôme) sur des veaux croisés salers x angus (castrés et non castrés). Le GMQ est compris entre 1 100 et 1 300 g/jour de la naissance au sevrage, une période sans concentré avec une bonne production laitière des mères et un pâturage de très bonne qualité. Il affiche entre 1 000 et 1 600 g/j durant la période d’engraissement avec un pâturage de très haute qualité et une ration d’enrubannage et de méteil grain. Les carcasses affichent des poids compris entre 247 et 272 kg, avec une conformation de R- à R+ et une viande rouge claire. L'état d’engraissement est satisfaisant mais il y a peu de persillé.

Des essais sur des bœufs rajeunis de 24 mois à la station Thorigné-d’Anjou (Maine-et-Loire) sont conduits sur deux périodes de production (veaux nés au printemps ou à l’automne) pour diminuer les durées de finition et tester l’efficience alimentaire. La pertinence économique et environnementale de ces itinéraires et le positionnement sur le marché de ces nouveaux produits doivent s’affirmer. Pour ce faire, le projet Provebial inclut des tests auprès des consommateurs en restauration collective et hors domicile. Des fiches sur les qualités intrinsèque et extrinsèque des produits (respect de l’environnement, production locale, production d’herbe) sont également proposées. Cette reconnaissance de la voie mâle en système allaitant bio pourrait concourir à mieux valoriser les territoires herbagers.

(1) Produire de la Viande biologique qui valorise le territoire avec le troupeau bovin allaitant