« On ne voulait plus dépendre des vendeurs d’aliments. » À Madiran (Hautes-Pyrénées), Jérôme, Sébastien et leurs parents Évelyne et Eric Borie élèvent 95 vaches laitières. La production atteint 900 000 l de lait par an. La spécificité de l’exploitation ? Les décisions se basent sur l’autonomie alimentaire du troupeau.

Du maïs à l'herbe

En 2016, Jérôme, passionné d’agronomie, décide de convertir à l’herbe son système jusqu’alors basé sur le maïs. « Nous avons souhaité être maîtres de nos décisions, explique l’éleveur. Dans cette logique, faire appel à un conseiller indépendant permet d’avoir une vision extérieure neutre pour calculer la ration. » Mathieu Albinet intervient ainsi en tant que nutritionniste, mais propose un conseil plus global pour ajuster toutes les composantes techniques de la ferme.

« Tout part de l’alimentation, c’est le cœur du réacteur. Elle impacte tout le reste. Nous avons effectué un travail conséquent avec Jérôme depuis 2016 pour diminuer la part de maïs ensilage. Aujourd’hui, c’est comme si je travaillais avec un client différent car l’exploitation a beaucoup évolué », constate le technicien.

Ration plus efficace

De fait, Jérôme et sa famille sont passés d’une alimentation basée sur 35 kg bruts de maïs ensilage par vache complémentée par des aliments du commerce à une ration de 38 kg de méteil et 7,5 kg de maïs épi. « Les taux butyreux et protéiques du lait sont meilleurs. Et les frais vétérinaires ont chuté », se réjouit l’éleveur.

Les retombées économiques sont également au rendez-vous. « L’alimentation coûte 2,30 € d’achat par jour et par vache », constate Jérôme. « Dans un système équivalent basé sur le maïs, cela revient à environ 3,60 € par jour, et cela peut monter jusqu’à 4,60 € », évalue Mathieu Albinet. Même si faire appel à un conseiller indépendant coûte entre 2 500 et 3 000 € par an, la famille Borie « s’y retrouve largement ».

Jérôme remarque aussi que le sol se porte mieux : « Les méteils forment un couvert présent l’hiver. Lors de la fauche, les racines restent dans le sol. Il est aéré et enrichi pour la culture suivante ». Néanmoins, « un système autonome induit une augmentation sensible du temps de travail, estime l’éleveur. Toutes les parcelles de méteil doivent être fauchées en même temps. »

Sur le troupeau, la reproduction donne encore du fil à retordre aux Borie. « Auparavant, les génisses étaient sur un autre site car nous n’avions pas de place suffisante sur notre site principal. Trop souvent, nous rations les chaleurs. » Pour y remédier, la famille Borie a investi dans un bâtiment neuf plus spacieux. Il a été pensé pour rajouter des robots de traite afin de gagner en efficacité. Un critère essentiel, en raison du futur départ à la retraite d’Eric. L'investissement est coûteux, mais les résultats se font déjà sentir : « On est passé de 30 à 33 l de lait en quatre mois grâce au bâtiment, et ça monte encore ! »