« Quand je suis revenu sur l’exploitation familiale de grandes cultures conduites en conventionnel en 2010, mon objectif était que mes produits soient consommés localement, explique Fabien Legendre, agriculteur à Mérobert en Essonne. La souveraineté alimentaire m’anime. Je me suis orienté vers le bio car les filières locales étaient davantage organisées et cette conduite répond à mon envie de ne pas avoir recours aux phytos. »

La conversion bio des 274 ha s’est déroulée en plusieurs tranches entre 2013 et 2016. Quatre groupes de productions sont cultivés sur l’exploitation (lire infographie), dont 140 ha de céréales et de luzerne. Le blé tendre est vendu, via la coopérative Île-de-France Sud basée en Essonne, à des meuniers franciliens (Bourgeois et Brasseuil).

L’orge de printemps est vendue à une malterie à Pithiviers (Loiret), et la luzerne à SidéSup, une usine de déshydratation dans le Loiret. « C’est la seule entorse à mon objectif de valoriser mes productions localement », constate Fabien Legendre.

Parcelles irrigables

Du maraîchage diversifié est installé sur deux hectares à l’extérieur et 7 000 m² sous serres avec tous types de légumes destinés aux Amaps. Des légumes de plein champ sont cultivés sur une trentaine d’hectares chaque année, 100 % irrigables : carottes, pommes de terre, radis et navets de conservation, oignons, ails et haricots verts.

« J’ai investi dans du matériel spécifique pour travailler le sol, butter, désherber et récolter chaque production », précise Fabien Legendre. Pour les légumes de plein champ, la rotation s’effectue sur toutes les parcelles irrigables proches du siège, soit 170 ha, ce qui permet un retour sur la même parcelle tous les 7 à 8 ans. Des fientes séchées sont apportées en fin d’été sur toutes les parcelles sauf en précédant la luzerne.

« Il y a deux ans, les légumes ont connu une grosse crise de marché, aujourd’hui, ce sont les céréales. On ajuste nos productions. »

Une soixantaine d’hectares de légumineuses (pois chiches, pois verts pour faire des pois cassés, haricots rouges, haricots blancs, flageolets et lentilles) et du blé dur (lire encadré) sont également semés tous les ans. Les légumes de plein champ, les légumineuses et le blé dur sont vendus à la Coopérative bio d’Île-de-France, basée à Combs-la-Ville en Seine-et-Marne. Ils sont valorisés localement essentiellement dans des magasins bios, et auprès d’acteurs de la restauration collective.

Les légumes bio de première gamme, comme les carottes, connaissent actuellement un regain de leur consommation. Elles sont triées à la ferme. (©  Florence Mélix/GFA)

« Certains de mes légumes ont été à l’origine de nouvelles filières, se souvient l’agriculteur qui était parmi les premiers à intégrer la Coopérative bio d’Île-de-France et qui en est devenu administrateur. Elle et moi sommes liés par des contrats qui fixent des volumes annuels et des prix. Avec mes salariés, nous ramassons, lavons, trions et préparons les légumes selon les commandes de la coopérative qui vient les chercher deux fois par semaine. »

En effet, l’agriculteur a investi près d’un million d’euros dans la construction d’un bâtiment composé d’un frigo et de matériel pour laver, calibrer, trier, peser, conditionner, coliser et palettiser les légumes de plein champ. Sept salariés l’aident sur les quatre ateliers de l’exploitation (céréales, maraîchage, légumes de plein champ et légumineuses).

Système pérenne

« Cette diversification me permet d’être plus résilient face aux aléas car il y a toujours une production qui s’en sort, constate-t-il. Il y a dix ans, l’offre en bio était toujours inférieure à la demande. Il y a deux ans, les légumes ont connu une grosse crise de marché. Aujourd’hui, ce sont les céréales. À chaque fois, la filière se réorganise pour s’adapter et on ajuste nos productions, comme en augmentant, actuellement, celles des légumes de plein champ. »

« Aujourd’hui, je pense avoir atteint ma vitesse de croisière et je souhaite pérenniser mon système. J’aimerais trouver tout de même plus de sérénité dans l’organisation du travail en embauchant un salarié pour me seconder dans les travaux des champs, notamment lorsque les fenêtres climatiques pour intervenir sont rares comme cette année », ajoute-t-il.