Alors que le nouveau programme Ambition bio devrait être prochainement lancé et entériner l’objectif de 18 % de SAU en AB d’ici à 2027 et 21 % d’ici à 2030, quelle consommation des ménages sera nécessaire pour garantir ces objectifs ? C’est la question sur laquelle s’est penchée la Fondation pour la nature et l’homme (FNH) alors que la filière du bio subit actuellement une crise qui s’explique par le décalage entre l’offre et le demande.

Restauration et achats des ménages

La FNH a donc réalisé un travail de modélisation, avec l’appui technique de Solagro, pour estimer la part des consommations nécessaires pour absorber une production bio qui devrait atteindre 21 % de la SAU française en 2030.

La seule atteinte des 20 % de produits bio en restauration hors domicile (RHD) assurerait les débouchés de 12 % des surfaces françaises converties à l’AB. Si cet objectif d’approvisionnement est également atteint en restauration commerciale, cela permettrait d’absorber la production bio de 14 % de notre SAU. Si la consommation à domicile atteint son niveau de 2020, à savoir 6,5 % des achats des ménages, alors les 18 % de SAU française convertie à l’AB devraient trouver un débouché.

Solagro et FNH estiment que si l’ensemble de la restauration propose 20 % de son offre en bio et que la consommation à domicile des ménages atteint 7,8 %, alors les débouchés seront assurés pour 21 % de la SAU convertie à l’AB.

Respect des lois

Pour atteindre ces objectifs, la FNH rappelle qu’il sera nécessaire de faire respecter les lois Egalim et Climat & résilience au sein de la restauration collective, mais aussi de mobiliser la restauration commerciale. La fondation propose notamment d’inclure l’atteinte des objectifs de ces lois dans les critères d’inspection des restaurants collectifs, ou de rendre obligatoire l’affichage du pourcentage de produits durables dans chaque restaurant commercial.

Pour renforcer la consommation des Français, la FNH préconise également de rendre obligatoire la transparence de l’information sur les prix et marges réalisés sur les produits bio par les acteurs de la transformation et de la distribution, et d’inciter ces derniers à proposer des paniers de produits bio de première nécessité à prix réduits en période de hausse des prix alimentaires.

Marge de progrès

Aujourd’hui, la RHD représente 15 % de la consommation alimentaire des Français et 8 % des débouchés pour la filière bio. En restauration collective publique, Egalim impose 20 % de produit bio dans les achats depuis 2018. La loi Climat et résilience fixe ce même objectif à la restauration collective privée depuis le 1er janvier 2024. Or, l’Agence bio estime que les produits bio ne représentent que 7 % des achats en RHD en 2022. La restauration commerciale n’est soumise à aucune obligation. Le bio ne représente que 1 % de ses approvisionnements, portés pour moitié par le vin.

La consommation à domicile représente 92 % des débouchés de la bio. Elle a diminué de 6,4 % à 6 % entre 2021 et 2022. Sur cette même période, la part de ceux qui n’ont pas consommé de produits bio a doublé (17 % en 2022).