Après deux années moroses, comment s’est porté le marché bio en 2023 ?

Nos adhérents au Synabio nous disent que cela a été fluctuant d’un mois à l’autre. Notre indicateur mensuel de conjoncture montre des chutes de 2 à 3 % du chiffre d’affaires. Nous sommes toujours sur une tendance baissière, mais sans être au niveau de l’an dernier. La question est de savoir si nous avons finalement atteint le plancher.

Sur le premier semestre de 2023, les chiffres fournis par l’Agence bio indiquent une baisse de 2,7 % du chiffre d’affaires du bio par rapport au premier semestre de 2022. Cela représente une chute de l’offre de l’ordre de 12 %. Peut-être que les résultats du second semestre seront meilleurs.

Comment a évolué le marché selon les circuits de commercialisation ?

Les derniers chiffres de la GMS, fournis par Circana, montrent que les produits bio de marques de distributeur sont en croissance. Les produits qui souffrent le plus, voire qui se sont arrêtés, sont les produits de marques généralistes qui se sont mises à faire du bio. Les produits des marques bio historiques se situent entre les deux.

En GMS, l’offre bio s’est réduite de 12 % sur les dix premiers mois de l’année. Il y a une forme de rationalisation des assortiments aussi en magasins spécialisés, mais la situation semble se stabiliser sur ce marché, notamment grâce à un socle de clientèle fidèle.

Contrairement à l’an dernier, la vente à la ferme et chez les artisans entame une baisse. La restauration hors domicile constitue une vraie planche de salut pour certains de nos adhérents. On observe de vraies croissances. Tous les professionnels des filières bio attendent l’application stricte de la loi Egalim qui fixait l’objectif de 20 % de bio dans les cantines en 2022.

Quelles filières souffrent le plus de la situation ?

Les filières d’élevage ont le plus souffert. Entre septembre 2022 et septembre 2023, la filière porcine a vu ses volumes commercialisés en GMS réduit de 25 %. Ils avaient déjà chuté de 14 % entre septembre 2021 et septembre 2022. Sur la même période, la filière des viandes de ruminants a vu ses volumes diminuer de 19 %, après une chute de 24 % l’an passé.

En lait, les volumes ont diminué de 21 % après une baisse de 19 %. En fruits et légumes aussi, les chiffres commencent à être symptomatiques. Entre septembre 2022 et septembre 2023, on observe une diminution de 10 % des volumes, cela représente une baisse de 7 % de valeur. En même temps, les prix ont augmenté de 3 %, ce qui reste moins qu’en conventionnel.

Dans toutes ces filières, le déclassement a très fortement augmenté en 2023, entraînant des pertes importantes pour tous les opérateurs.

Comment risque d’évoluer l’offre bio dans les prochaines années ?

On risque de ne pas atteindre les objectifs affichés de 18 % de SAU convertie d’ici à 2027. De plus, on est en train de détériorer le capital de production construit sur plusieurs années. Il sera très difficile de faire revenir en bio ceux qui arrêtent à cause de la situation des marchés bio.

Sur les dix premiers mois de l’année 2023, l’Agence bio affiche un solde net de 482 nouveaux producteurs bio. Ces chiffres ne prennent pas en compte les fermetures d’ateliers, la non-mise en production, ni les quotas mis en place par les filières porcine et avicole. Nous craignons des arrêts de certification sur la fin de l’année, et que sans mesures d’urgence, la situation s’aggrave encore en 2024.

Propos recueillis par Alessandra Gambarini

(1) Le Synabio est le syndicat national des entreprises agroalimentaire bio, transformateurs et distributeurs.