Pour la Fédération nationale de l’agriculture biologique (Fnab), si l’enjeu majeur des futurs pacte et loi d’avenir et d’orientation agricoles est le renouvellement des générations, il va falloir compter avec l’Agriculture biologique. Selon la fédération, 30 à 50 % des candidats à l’installation veulent produire en bio et le renouvellement des générations passe donc par un meilleur accompagnement des installations en agriculture biologique.
« L’enjeu est d’avoir des candidats à l’installation les mieux préparés possible », expliquait Philippe Camburet, le président de la Fnab, le 6 juillet 2023, lors de la présentation des cinq propositions de la fédération pour porter l’agriculture biologique dans les futurs pacte et loi d’avenir et d’orientation agricole.
Intégrer la bio dans la formation
La Fnab propose de rendre obligatoire dans l’enseignement agricole un module de 3 heures par semaine concernant l’agriculture biologique. « L’objectif est que les étudiants aient la capacité de concevoir leur système en bio ou de s’approprier les spécificités de la bio, même s’ils sont en conventionnel », explique Thomas Montagne, agriculteur dans le Lot-et-Garonne et référent en enseignement agricole à la Fnab.
« L’enseignement de l’agriculture biologique dans l’enseignement agricole est laissé à la bienveillance des équipes pédagogiques », poursuit-il. Thomas Montagne estime que les porteurs de projet devraient pouvoir mieux appréhender le système de l’agriculture biologique qui demande des connaissances et un savoir particulier. « Aujourd’hui, il existe 81 formations orientées vers l’agriculture biologique, c’est seulement 5 % des formations de l’enseignement agricole », déplore-t-il.
Davantage de bio dans le parcours à l’installation
La deuxième proposition de la Fnab est d’intégrer systématiquement les réseaux d’accompagnement spécialisés en agriculture biologique dans le parcours à l’installation. « Les Nima (porteurs de projet qui ne sont pas issus du milieu agricole) représentent près de 60 % des contacts dans les points installation et une grande majorité d’entre eux choisit l’agriculture biologique, relève Alan Testard, secrétaire national en charge des futurs bios à la Fnab. Il est nécessaire de mieux les accompagner car ils ont un besoin plus important en formation ».
Maintenir les terres en bio
La Fnab propose aussi de modifier le code rural pour que les terres agricoles en bio et en fermage puissent rester en bio en rendant prioritaires les projets bio lors de l’attribution des autorisations d’exploiter. La fédération fait le constat que seules les terres en bio en propriété sont « protégées ». La Safer peut préempter sur une vente pour les attribuer à un producteur bio. « Pour les terres en fermage, il faudrait modifier les critères de priorités dans les schémas directeurs départementaux », propose Alan Testard.
Mettre en avant les atouts de la bio face au changement climatique
La quatrième proposition est de favoriser la recherche pour mieux caractériser les externalités positives de l’agriculture biologique dans l’adaptation au changement climatique, notamment en ce qui concerne la gestion de l’eau. Enfin, dans sa cinquième proposition, la Fnab souhaite adapter les diagnostics climatiques obligatoires lors de l’installation aux systèmes bio, en ayant une approche systémique qui va au-delà de la question du stockage de carbone.
« On déplore que les outils de diagnostic soient appuyés sur le prisme climat et évaluent uniquement les émissions de gaz à effet de serre. Il y a un enjeu à pouvoir développer des outils plus systémiques et qui prennent en compte les notions de climat mais aussi d’eau et de biodiversité », estime Christophe Cottereau, référent en climat de la fédération.
La Fnab souhaite vivement appuyer ces propositions qui avaient été formulées lors des concertations sur le pacte et la loi d’orientation, mais qui n’ont pas été retenues alors que plusieurs semblaient « faire consensus », selon la fédération.