Multipliée par 3,6 entre 2016 et 2021, la collecte de blé tendre bio devrait atteindre un niveau record en France en 2022-2023 : 415 000 tonnes contre 385 000 tonnes en 2021-2022. En 2021, 20 657 producteurs étaient engagés dans ce mode de production, selon les données actualisées sur les marchés céréaliers bio présentées par FranceAgriMer le 9 novembre 2022 (1).
"Un enjeu de l'agriculture biologique était d'arriver à l'autosuffisance minimale car la France était tributaire d'importations, principalement de l'Union européenne, d'origines Allemagne, Autriche, Italie", résume Marc Zribi, chef de l'unité des grains et du sucre de FranceAgriMer. Avec près de 10 % de sa surface convertie, la France se positionne "au milieu du tableau" dans l'Union européenne. Autriche, Estonie, Suède et Italie sont en tête de peloton, à plus de 15 % de surfaces bio, et même 25 % en Autriche.
La France exporte désormais du blé bio
Entre 2011 et 2021, les surfaces bio ou en conversions en France ont été multipliées par 3,8 pour atteindre 544 000 hectares. Avec le développement du bio, les importations ont régulièrement diminué. Elles ont atteint un niveau très réduit l'année dernière, un volume résiduel "qui correspond peut-être à certaines variétés, suppose Marc Zribi. Mais surtout pour la première fois, on a assisté à un début d'exportation. C'est une dynamique nouvelle, une modification de l'économie du secteur qui est en cours."
"La production de céréales bio est à des niveaux jamais connus, insiste Benoît Piètrement, le président du conseil spécialisé des grandes cultures de FranceAgriMer. On est en train de devenir exportateurs, mais encore faut-il trouver des marchés, qui ne sont pas faciles à l'exportation."
Des prix fluctuants
Ce changement de tendance se reflète dans les prix d'achat, soumis à la volatilité (2). "On constate une baisse des prix jusqu'en mars 2022, qu'on peut attribuer à un effet disponibilité, puis un rebond sur le printemps suivi d'une nouvelle baisse en lien avec l'arrivée de la récolte cet été", décrit Paul Le Bideau, adjoint au chef de l’unité des grains et du sucre.

Ralentissement des conversions
La dynamique de conversion s'est, quant à elle, ralentie. Entre 2020 et 2021, les surfaces concernées passent ainsi de près de 150 500 hectares à 137 800 hectares. "Malgré une forte augmentation des volumes de céréales biologiques récoltées, la part du bio au sein de la collecte des céréales dites "majoritaires" (avoine, blé tendre, maïs, orge, triticale) reste inférieure à 10 %, sauf en triticale où ce cap est passé depuis la campagne de 2021-2022 à 23%", précise Paul Le Bideau.
(1) Données issues des déclarations des professionnels du secteur, collecteurs et Agence bio.
(2) Données issues de la mise en place des enquêtes liées au règlement transparence des marchés de 2019 de la Commission européenne.