Le système d’élevage de Pierre et Christine Foueillassar, installés à Gurmençon, dans les Pyrénées-Atlantiques, a connu une profonde mutation entre 2009 et 2019. « Il y a dix ans, nous étions dans une logique de productivité, basée sur une ration maïs-soja, mais les objectifs n’étaient pas remplis. La crise économique de 2008 nous a poussés à revoir le rationnement des animaux », explique Pierre. Autre problème, le maïs produit sur l’exploitation atteignait parfois 50 % de teneur en amidon. « On retrouvait des grains entiers dans les effluents », dit-il.

Le maïs riche en huile (RH), commercialisé par la société Panam, a un germe plus développé que les variétés classiques et, de fait, une teneur en huile plus élevée, aux dépens de l’amidon contenu dans la graine. « Le passage au RH nous a permis, à la fois, de réduire l’apport en correcteur azoté, sous forme de soja, et de ne plus utiliser d’huile de palme. C’était un premier pas vers plus d’autonomie alimentaire », se félicite Pierre. Cette période coïncidait avec le déplacement de l’étable hors du bourg, qui a ouvert la possibilité de faire pâturer les animaux et de créer un atelier de transformation laitière à la ferme.

Un nouvel équilibre

La révision de la ration grâce au maïs RH, ainsi que la valorisation des prairies environnantes a progressivement conduit le couple dans une « conversion logique » en agriculture biologique, finalisée début 2019. D’après les éleveurs, le prix de la semence et l’itinéraire technique du RH sont similaires à ceux d’un maïs classique, avec toutefois une perte de rendement d’environ 5 %.

« Il faut également savoir que ce maïs est plus digestible, mais sa tige, moins ligneuse, est fragile. C’est pourquoi je le sème en association culturale avec du maïs classique en 2 × 2 rangs », précise Pierre Foueillassar. Le RH bio, testé pour la première fois l’an passé, bénéficie d’une dérogation dans le cadre de la conversion en agriculture biologique.

Fromageabilité

Après le passage au maïs RH, le taux de réformes liées à une baisse de la fertilité, ainsi que les frais vétérinaires dus aux acidoses, ont sensiblement baissé. « Le RH n’a pas simplement remplacé le maïs classique, mais accompagné une mutation globale de notre système, résume l’éleveur. La déconcentration de la ration permet de garder les animaux plus longtemps. La doyenne de nos vaches est âgée de douze ans. »

Concernant les fromages, Christine Foueillassar dit avoir vu une nette amélioration de la fromageabilité du lait, lissée tout au long de l’année. « Le profil d’acides gras (AG) du lait que nous avions demandé au démarrage du maïs RH était similaire à celui d’un lait produit à l’herbe, pauvre en AG saturés, alors que nous ne valorisions pas encore ce fourrage, explique l’éleveuse. Pour obtenir un fromage crémeux sans être gras, il faut raisonner sur le profil en AG, plus que sur sa teneur en matière grasse du lait. »

Alexandra Courty