Rendez-vous était donné à 9 heures dans le 18e arrondissement de Paris. Le 28 juin 2024, le réseau Civam a réuni ses partenaires pour lancer le projet « Dégenrons ». Elles étaient cinquante-trois représentantes de structures locales des quatre coins du territoire venues mettre leurs connaissances en commun pour permettre, in fine, l’installation de plus de femmes en agriculture.

Quatre objectifs « stratégiques »

Lancé en janvier 2024 à l’initiative du réseau Civam, le projet « Dégenrons » réunit la Fédération associative pour le développement de l’emploi agricole et rural (Fadear), Accueil Paysan, la Fédération nationale de l’agriculture biologique (Fnab), le service de remplacement France, le réseau national des espaces test agricoles (Reneta), Solidarité Paysans, le mouvement interrégional des AMAP (MIRAMAP) et l’association nationale de développement agricole et rural (Trame).

Soutenues par le ministère de l’Agriculture, les neuf structures toutes labélisées organismes nationaux à vocation agricole et rurale (ONVAR), ont jusqu’à la fin de 2025 pour mieux comprendre et analyser les freins spécifiques des agricultrices et identifier des leviers pour favoriser leurs installations.

Concrètement, l’ambition du projet se décline en quatre objectifs « stratégiques », liste Johanna Grandserre, coordinatrice genre et milieu rural, accompagnement des transitions, du réseau Civam :

  • Étudier et capitaliser sur le sujet des inégalités de genre en agriculture ;
  • Sensibiliser nos réseaux, les futur(e)s installé(e)s et les acteurs de l’installation agricole ;
  • Faire évoluer les parcours d’accompagnement pour favoriser l’installation agricole des femmes ;
  • Piloter le projet et assurer la diffusion de ses résultats.

« L’ambition de cette journée de lancement était de se créer une culture commune autour de la question des inégalités de genre dans l’agriculture, explique l’animatrice. On veut favoriser l’interconnaissance entre nos réseaux pour réfléchir ensemble à ce qu’il reste à entreprendre. »

« Ancrer le projet à des réalités de terrain »

Après un regard sociologique sur les agricultrices et l’installation apporté par l’enseignante-chercheuse Chloé Lebrun, les participants à majorité féminine ont été divisés en six groupes. Chacun, animé par une représentante du réseau Civam ou de la Fadear, avait une quinzaine de minutes pour présenter les outils mis en place dans leur structure locale.

À titre d’exemples, la Fnab a lancé un cycle de formation appelée « La pépinière » pour amener plus de femmes à prendre des responsabilités dans leurs instances. La Fadear a produit une enquête sur les « Femmes paysannes : s’installer en agriculture – freins et leviers ». Des formations conduite de tracteurs ou prise de parole, des séminaires sur le genre ou la création de groupes non-mixtes ont également été cités. Chacune des réponses a fait l’objet de panneaux punaisés au mur pour que les participantes se rendent compte du travail déjà accompli localement.

La liste des outils déjà mis en place par les structures locales pour favoriser l'installation des femmes a été affichée pour avoir un aperçu global. (© Oriane Dieulot / GFA)

Au total, se réjouit Johanna Grandserre, c’est un projet « multipartenarial innovant » qui permet de réunir neuf ONVAR sur une thématique commune. « On veut s’appuyer sur des situations concrètes pour ancrer solidement le projet à des réalités de terrain diverses et donc transférables à d’autres situations et d’autres territoires. » Rendez-vous en décembre 2025 pour dresser le bilan.