Alors que le métier d’agriculteur se décline au féminin pour un actif sur trois du monde agricole, la MSA constate que les femmes souffrent d’un manque de reconnaissance et de visibilité, avec des inégalités encore très prégnantes.

S’engageant pour une meilleure reconnaissance du travail des agricultrices et salariées agricoles, la MSA a réalisé une étude en partenariat avec l’institut Vérian, auprès de 1 020 femmes représentatives des métiers de la production agricole, au début de janvier 2024. Présentés en avant-première à l’occasion d’une conférence de presse ce mercredi 14 février 2024, les résultats du baromètre intitulé « Les femmes dans le monde agricole » mettent en lumière des femmes particulièrement passionnées par leur métier, mais en quête de reconnaissance par la société et par leurs pairs.

« Très clairement, c’est un métier passion, à la fois pour les exploitantes et pour les salariées, qui s’y investissent pleinement », déclare Hugues Pollastro, directeur de la communication et des affaires publiques à la Caisse centrale de la MSA, mais un métier « considéré comme difficile » tel que le montre l’étude réalisée.

L’agriculture, un métier « passion » pour 93 % des femmes

L’agriculture est un choix de cœur pour la très grande majorité des femmes interrogées. Il est essentiel pour 96 % des participantes au sondage, et épanouissant pour 84 %, tandis que 93 % le considèrent comme un métier « passion ».

Quant à leurs raisons pour exercer cette profession, les femmes sont tout d’abord motivées par le contact avec la nature et les animaux ainsi que l’amour du métier, et de manière encore plus marquée pour les plus jeunes interrogées (18-34 ans), puis par leur sentiment de se rendre utile à la société. L’aide au conjoint et le maintien d’un héritage viennent compléter les raisons principales mentionnées.

Des inégalités hommes-femmes encore très prégnantes

La grande majorité des agricultrices s’accordent pour dire qu’il existe des inégalités entre les hommes et les femmes au sein du monde agricole (83 %), un constat transversal à toutes les catégories de répondantes (cheffe d’exploitation, salariée, employeuse de main-d’œuvre agricole). Un tiers des interrogées les considèrent comme plus fortes que dans les autres secteurs d’activité.

Pour tenter d’expliquer ces ressentis, diverses perceptions ont été approfondies. Par rapport aux hommes, les agricultrices se sentent moins respectées et acceptées (pour 48 % d’entre elles), moins reconnues pour la qualité de leur travail (42 %), moins soutenue et accompagnée (41 %), et seulement 61 % d’entre elles se sentent aussi légitimes que les hommes.

En outre, 66 % des interrogées considèrent que leur métier est plus difficile pour une femme que pour un homme.

Les agricultrices sont nombreuses à s'exprimer sur des inégalités ressenties vis-à-vis des hommes, alors que près de la moitié d'entre elles se sentent moins respectées et acceptées. (©  Pexels)

Agricultrice, une profession difficile et très peu rémunératrice

L’agriculture est considérée comme un métier « difficile » pour 95 % d’entre elles. Elles le jugent d’ailleurs très peu rémunérateur, et se heurtent à un obstacle de taille : 87 % d’entre elles estiment que leur métier n’est pas assez reconnu et valorisé. Derrière cet aspect, Laure Salvaing, directrice de l’institut Vérian, souligne qu’il existe « vraiment une question de considération » pour les femmes.

Ainsi, deux tiers des agricultrices jugent leur rémunération insuffisante, une proportion encore plus forte lorsque sont seulement prises en compte les réponses des femmes d’origine citadine. Les femmes interrogées expriment également des difficultés fortes à concilier vie personnelle et vie professionnelle, encore plus pour celles qui exercent en productions animales.

À travers le sujet de l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle, celui de la maternité est très présent. De fortes attentes du terrain concernent la facilitation de l’accès au congé de maternité, ainsi qu’un accès étendu aux services de remplacement, précise Magalie Rascle, directrice déléguée aux politiques sociales de la CCMSA. Des « questions qui remontent durant ce mois de la simplification », notamment sur les tâches administratives, souvent gérées par les femmes, et difficilement prises en charge lors des remplacements.

Des femmes passionnées, mais réservées sur les perspectives

Si les femmes témoignent d’un attachement fort à leur métier, elles font également part d’inquiétudes émergentes quant à leur avenir. Quelques jours avant les importantes mobilisations du monde agricole en France, 9 agricultrices sur 10 se sont déclarées insatisfaites de la politique agricole menée en France.

Par ailleurs, 80 % d’entre elles portent un regard pessimiste sur l’avenir de l’agriculture en France. Mais cela ne les empêche d’envisager de continuer de travailler dans le domaine agricole jusqu’à leur retraite, selon 81 % des femmes interrogées. En revanche, seulement une agricultrice sur deux encouragerait ses enfants à travailler dans ce secteur.