Même s’il est indéniable que les femmes sont sous-représentées dans les conseils d’administration des organisations professionnelles agricoles (OPA), il est difficile de trouver des données chiffrées à ce sujet. Le sentiment d’illégitimité, la peur de ne pas trouver un équilibre entre vie professionnelle et vie privée et le manque de temps sont les principaux obstacles à l’engagement des agricultrices.
« Malgré ces freins, certaines se lancent », a souligné Marie-Andrée Luherne, présidente de la FDSEA, coorganisatrice avec JA d’une journée sur l’engagement féminin, le 21 novembre 2023 à Grand-Champ (Morbihan). À l’exemple de Réjane Étienne. Après un premier métier dans la banque, elle a repris l’exploitation avicole de sa mère à Évellys en 2018. « Comme je n’étais pas intégrée au milieu agricole, je me suis dit que c’était à moi de faire le premier pas », a expliqué la jeune femme. Dès son installation, elle participe à l’assemblée générale du syndicat JA. Elle y adhère, puis intègre le conseil d’administration. Quand la place de trésorier a été vacante, venant de la banque, tous les yeux se sont tournés vers elle. « C’est une preuve de confiance qu’on m’a témoignée », estime-t-elle. Elle siège aussi au conseil d’administration de son groupement de producteurs.
Montée en compétences
« À chaque réunion, je découvre plein de choses. C’est enrichissant. C’est une satisfaction personnelle, mais également un atout pour faire progresser mon outil de travail », s’est enthousiasmée Anne Le Texier. En 2017, après une carrière d’infirmière, elle a rejoint son mari sur l’exploitation en créant un atelier de poules pondeuses. Elle est administratrice au sein de la coopérative Eureden après avoir démarré comme ambassadrice. Elle reconnaît qu’il a fallu « faire ses preuves ». Et cela passe souvent par la formation, cheval de bataille de Catherine Faivre Pierret, agricultrice dans le Doubs et présidente de la commission nationale des agricultrices de la FNSEA.
La reconnaissance et la montée en compétences apportent de la confiance en soi. « S’engager, c’est gratifiant. C’est vrai qu’on donne beaucoup, mais on reçoit encore plus en retour », a témoigné Christiane Lambert. Pour l’ancienne présidente de la FNSEA, il faut positiver ses prises de responsabilités à l’extérieur, mais aussi au sein de sa famille afin de « donner du sens à ses absences ».