« Un joyeux mélange », comme le décrit le maire d’Agen, Jean Dionis (Modem). Il y avait hier soir près du lac de Caussade près de cent cinquante personnes, dont quarante maires, le président de la communauté commune, des agriculteurs, et des représentants de la chambre. Mais c’étaient bien les élus qui étaient à l’origine de cette manifestation en soutien au projet des producteurs.

 

Preuve de l’unanimité locale sur le sujet, tous les bords politiques étaient représentés. « Un fait inédit dans la région », selon Jean Dionis. D’autant plus inédit, que les édiles étaient mobilisés en faveur d’un projet dont la préfecture a réaffirmé récemment l’illégalité. « En tant que maires, nous sommes évidemment des légalistes. Et si nous sommes là, c’est donc que la motivation est très forte, et que nous continuons de croire à l’utilité publique de Caussade. »

« Un vieux logiciel »

Selon Jean Dionis, les élus se sont en premier lieu mobilisés pour exiger une politique nationale de l’eau, qui permettra enfin aux territoires d’avoir de nouveaux outils contre le changement climatique. « L’eau est désormais concentrée en hiver, et les sécheresses sont plus longues et plus sévères. Il faut s’adapter », martèle l’élu.

 

S’adapter, d’après lui, c’est précisément ce dont le ministère de l’environnement est incapable. « On nous oppose des logiciels archaïques, avec des gens qui pensent que l’eau ne doit pas être empêchée de couler, et qui sont fermés à ces réalisations collectives essentielles. »

Des limites de la décentralisation

L’autre enjeu, selon Jean Dionis, c’est la manière dont ce projet a été transformé en un débat national. « Si pour le barrage de ce ruisseau, le Tolzac, on n’est pas capables de régler ça entre la préfecture, les élus locaux et la chambre, c’est que la France a un véritable problème », regrette l’élu.

 

Il partage l’analyse des producteurs : après trois années à plancher sur ce projet, c’est par le « fait du prince », que le projet s’est vu condamner. « Il y a eu des échanges entre le cabinet de Monsieur de Rugy, et les lobbyistes de FNE (1) pour détricoter notre travail. Et ça, nous n’en voulons plus. Ce type de dossier doit être confié au représentant local de l’état, qui est Madame la Préfète. »

Une sortie par le haut

Ce que les maires ont exigé avant tout hier soir, c’est un arrêté qui autoriserait à nouveau l’ouvrage. Car seul cet arrêté, d’après eux, permettra enfin de dépasser les postures, celles de la chambre comme celle de l’État, afin de passer à l’essentiel : la gestion de l’eau.

 

« Le projet est là, il est utile. Maintenant, pour sortir de ce dossier sans troubles à l’ordre public, il faut une décision qui revienne au premier arrêté, et entamer les discussions. » Et c’est à ce moment-là, d’après l’élu, que l’ouvrage pourra devenir véritablement moderne. « Nous pourrons enfin parler de l’alimentation du lac, du volume d’étiage, des mesures d’économies, de la durabilité économique et environnementale du projet. C’est la seule sortie par le haut. »

(1) France Nature Environnement.