Par une nouvelle décision du 2 mai 2019, la préfète du Lot-et-Garonne, Béatrice Lagarde demande « la cessation des travaux », précisant, qu’à défaut, une astreinte de 500 euros par jour sera appliquée. L’arrêté prévoit également des mesures conservatoires pour cesser la mise en eau, comme laisser les vannes ouvertes ou encore créer une brèche dans un délai de 8 jours. Une dernière exigence, et pas des moindres, clôture le communiqué : l’ouvrage devra être supprimé dans un délai de trois mois.
Quinze emplois sur la sellette
La chambre d’agriculture dispose d’un délai de 20 jours pour déposer un dossier présentant l’ensemble des mesures prévues pour la remise en état, et de 18 mois pour réaliser les travaux. Autre mesure de rétorsion préfectorale : la chambre sera tenue, dans un délai de 10 jours, de consigner 1 082 000 €, correspondant aux travaux et opérations de suppression de l’ouvrage.
La chambre d’agriculture a décidé d’organiser une conférence de presse jeudi prochain pour présenter sa position. Joint par La France Agricole, Serge Bousquet-Cassagne, président de la chambre du Lot-et-Garonne, demeure déterminé. « Si le million d’euros est réellement bloqué, nous licencierons les quinze dernières personnes recrutées à la chambre. La préfecture, ou le ministère, n’auront qu’à les embaucher ! »
Car il n’y a pas de doute pour la chambre, c’est toujours le ministère de la Transition écologique qui mène la danse. Pour preuve, le dossier des mesures de remise en état, c’est-à-dire une étude d’impact qui provoque elle aussi la colère du président de la chambre. « C’est comme demander à un cambrioleur les clés du coffre-fort ! » s’agace Serge Bousquet-Cassagne.
Nouvelles mobilisations en vue
Le lac est actuellement en eau, et la chambre n’a aucune intention d’ouvrir la brèche exigée par la préfecture. Les agriculteurs seraient même prêts à renouveler l’épreuve de force qui les avait opposés aux gendarmes cet hiver, lors d’une tentative de pose de scellés sur les engins de chantier. « Les paysans se mobiliseront à nouveau », assure Serge Bousquet Cassagne.
Malgré le durcissement du ton préfectoral, la chambre ne fera donc pas le dos rond. « S’ils continuent, ça sera un Sivens à l’envers ! » prédit à nouveau le président, n’hésitant toujours pas à évoquer ce dossier qui avait abouti au décès d’un jeune homme.
Recevant en février partisans et opposants du lac, le ministre François de Rugy avait plaidé pour une « solution alternative » et selon le maire d’Agen, favorable au projet, avait ouvert la voie à une « nouvelle instruction du dossier ». Pour Serge Bousquet-Cassagne, cependant, « l’alternative, c’est la friche ! » Il semble que l’heure ne soit plus à la discussion, mais au conflit.