Selon une enquête de l’Insee datant de 2017, les Français placent la pollution de l’air en deuxième position de leurs principales préoccupations, derrière le réchauffement climatique, a rappelé l’Inrae à l’occasion d’une conférence de presse au Salon international de l’agriculture le 26 février 2020.
L’ammoniac, premier polluant d’origine agricole
L’ammoniac reste le polluant agricole par excellence : le secteur représente 94 % des émissions, via l’élevage et la fertilisation minérale. Il émet également 21 % des particules fines, et 7 % des émissions d’oxydes d’azote (NOx). La recherche se mobilise sur cette problématique : elle a pour ambition de mesurer les émissions, acquérir de la connaissance, modéliser les sources de pollutions et ses impacts.
L’ozone, une préoccupation méconnue
Jean-François Castell, enseignant-chercheur à AgroParisTech, a notamment étudié l’impact de l’ozone sur les cultures. « Ce gaz se diffuse à travers les plantes par les stomates. Il entraîne une diminution des rendements, bien que la végétation ne paraisse pas souffrir. Il a aussi un effet toxique, et peut engendrer une nécrose foliaire. »
« Le gaz entraîne aussi des effets indirects sur la composition des prairies, les légumineuses étant plus sensibles que les graminées à l’ozone, ajoute Jean-François Castell. Il peut en résulter une perte de nutriments. »
Une étude sur le blé a ainsi montré une perte de rendement de l’ordre de 20 %, dès lors que la concentration en ozone augmente de 7 %. En 2000, cette perte s’est élevée à 13 %, et a été quantifiée à 3 milliards d’euros. « En 2020, le niveau d’ozone est plus faible car les politiques de réduction de la pollution se sont révélées efficaces. La perte sera de l’ordre de 9 %. Si ce niveau devenait plus important, la production de blé serait inévitablement impactée. Elle ne serait plus rentable, et remplacée par l’orge, qui est plus tolérante. La marge brute des exploitations resterait diminuée. »
Sensibiliser le conseiller et l’agriculteur
« Que fait la recherche sur les génotypes tolérants ? Rien, car les mécanismes sont complexes et encore trop peu connus », conclut le chercheur.. La pollution est également très méconnue des exploitants agricoles, estime Edwige Kerboriou, élue référente « Air » à la chambre d’agriculture de la Bretagne. « Il faut accompagner l’agriculteur sur les questions de pollution de l’air, mais aussi le conseiller car c’est lui qui va l’informer. »