« En laissant la possibilité de cultiver du colza en année n + 2, sous condition de la mise en place de mesures d’atténuation proposées par Terres Inovia (1) et d’un avis favorable de l’Anses (2), l’arrêté sur les néonicotinoïdes du 5 février 2021 reconnaît le rôle essentiel du colza dans le bol alimentaire des pollinisateurs », estiment dans un communiqué de presse commun Terres Inovia et la Fop (3).

 

En effet, le texte précise que des mesures d’atténuation et de compensation permettront d’anticiper le semis d’un an, soit en n + 2 au lieu de n + 3 pour le colza, sous réserve d’assurer un niveau équivalent de protection des pollinisateurs et de la biodiversité. Les modalités d’anticipation pour les exploitants ayant mis en œuvre ces mesures sont fixées par arrêté des ministres chargés de l’Environnement et de l’Agriculture, après avis de l’Anses confirmant le niveau de protection. Avis qui est à l’heure actuelle encore attendu.

 

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Mobilisation de Terres Inovia

Gilles Robillard, président de Terres Inovia, a ainsi déclaré que la « place du colza dans l’apiculture, comme dans le système de culture de l’exploitation, explique la mobilisation très forte de Terres Inovia pour permettre la culture de colza en année n + 2, après une betterave protégée avec imidaclopride ou thiametoxam ». Il a en effet précisé que « repousser la culture du colza en année n + 3 se traduirait par la disparition de plusieurs milliers d’hectares en 2023, donc par une forte pénurie de ressources alimentaires pour les abeilles domestiques et les pollinisateurs sauvages ».

 

De son côté, Arnaud Rousseau, président de la Fédération des producteurs d’oléoprotéagineux (Fop), estime qu’il « faut aujourd’hui consolider l’avancée obtenue, à savoir la possibilité de faire reconnaître la culture du colza en n + 2. Dans ce cadre, ce sont toutes les filières, qu’elles soient agricoles ou apicoles, qui doivent agir de concert tant les enjeux sont pour chacun déterminants. Je lance donc un appel à la responsabilité collective afin que la logique de l’action collective permette à la raison et au bon sens de l’emporter. »

Nombreuses études

Le texte prend donc en considération l’importance de la ressource alimentaire des abeilles. « Un sujet sur lequel Terres Inovia mène des études depuis de nombreuses années », ajoute le communiqué de presse datant du 9 février 2020.

 

Menées avec différents partenaires (notamment l’Itsap, le CNRS, l’Inrae et l’Acta), plusieurs études et un travail de fond en collaboration avec la Fop ont montré, d’une part, que « les néonicotinoïdes n’ont pas de conséquence directe sur les miellées de colza et, d’autre part, que le colza est une ressource alimentaire absolument essentielle pour les abeilles ».

Ressource nectarifère et pollinifère essentielle

Pour mémoire, il s’agirait de la première grande culture mellifère française en matière de surfaces, avec 9 % de la production nationale de miel (21 636 tonnes) en 2019. Cela s’explique parce que cette culture « représente un apport nutritionnel irremplaçable pour l’abeille. Ensuite, il participe à la dynamique du rucher en permettant aux colonies d’augmenter leur démographie au printemps et ainsi d’améliorer leurs performances pour les miellées successives. »

 

Malgré tout, une baisse des surfaces de colza due à de multiples facteurs tels que l’évolution du climat, la suppression de matières actives, dont les néonicotinoïdes… est notée. On est donc passé de 1 600 000 ha en 2018 à 1 050 000 ha en 2020 et probablement 950 000 ha en 2021. « Ce qui pose déjà des difficultés pour l’alimentation des pollinisateurs », concluent la Fop et Terres Inovia.

 

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1. Institut technique des professionnels de la filière des huiles et protéines végétales et de la filière du chanvre.

2. Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail.

3. Fédération française des producteurs d’oléagineux et de protéagineux.