Phytos : L’Anses interdit 36 produits à base de glyphosate

« Faisant suite à la réapprobation pour cinq ans de la substance active par l’Union européenne en 2017, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire) procède au réexamen des autorisations de mise sur le marché des produits à base de glyphosate commercialisés en France et a lancé une évaluation comparative avec les alternatives disponibles », indique un communiqué du 9 décembre 2019 de l’agence.

> Voir aussi :Glyphosate et tallowamines, 132 produits retirés du marché français (20/06/2016)

Trois quarts des tonnages en 2018

Sans attendre la fin du processus en cours, elle a notifié le retrait des autorisations de 36 produits à base de glyphosate (sur les 69 disponibles), qui ne pourront plus être utilisés à compter de la fin de 2020. Elle indique aussi avoir refusé l’autorisation de 4 nouveaux produits (sur 11 demandes d’autorisation). « Les données fournies par les industriels ne permettant pas de statuer sur leur éventuelle génotoxicité », complète l’Anses. Pour mémoire, la sortie du glyphosate est prévue en France d’ici à la fin de 2020 pour les principaux usages et au plus tard d’ici à 2022 pour l’ensemble des usages.

S’agissant de l’évaluation du glyphosate, L’Anses intervient dans un cadre défini par l’Union européenne qui a été spécifiquement renforcé en 2017 faisant suite à la réévaluation de la substance active (davantage d’exigences impliquant la fourniture de données supplémentaires concernant les risques pour la santé et l’environnement, notamment en matière de génotoxicité de l’ensemble des composants des produits à base de glyphosate). « Ces nouvelles dispositions requièrent des études spécifiques menées selon des méthodes standardisées et robustes », ajoute l’Anses.

> Voir aussi :Pour se passer du glyphosate, « il faudrait des éléments nouveaux » (23/03/2018)

Évaluation comparative des alternatives non chimiques

L’Anses poursuit l’examen des demandes d’autorisation et de réautorisation de produits à base de glyphosate. Et, comme elle l’a annoncé en novembre 2018, procédera également à une évaluation comparative avec les alternatives non chimiques disponibles.

Seuls les produits à base de glyphosate répondant aux critères d’efficacité et de sécurité définis au niveau européen pour les usages revendiqués, et ne pouvant pas être substitués de façon satisfaisante, bénéficieront in fine de l’accès au marché français. L’ensemble du processus d’évaluation sera finalisé d’ici au 31 décembre 2020.

Ne préjuge en rien du caractère génotoxique

Générations Futures se réjouit de ces retraits d’AMM. « Elles confirment que l’innocuité des herbicides à base de glyphosate… est un mythe ! considère François Veillerette, son directeur. L’association argumente sur la polémique née de l’expertise du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC).

« Ces 36 produits formulés ne pourront plus être utilisés car l’ensemble des données pour valider les dossiers par l’Agence n’a pas été fourni, insiste Eugenia Pommaret ? directrice de l’UIPP (Union des industries de la protection des plantes). Ça ne préjuge donc en rien de caractères génotoxiques ou autre. »

Normalement, les états membres avaient un an pour revoir toutes les spécialités suite à la réinscription de la molécule au niveau européen en 2017. Mais vu le nombre de dossier à revoir, l’Anses a validé les produits pour lesquels les dossiers étaient complets. Les 33 produits encore autorisés ne sont pas à l’abri d’un futur retrait puisque l’Anses attend pour certains d’entre eux les conclusions des agences des autres pays européens.

« A contrario, cela veut aussi dire, qu’une bonne partie des spécialités qui ont été vues à la lumière de ces nouveaux critères, qui sont notamment plus draconiens sur les formulations, intègrent à chaque fois, les contraintes nouvelles du règlement », ajoute l’UIPP.

> Voir aussi :Le Roundup Pro 360 interdit par la justice (15/01/2019)