« Nous assistons aujourd’hui à une inflation généralisée de l’ensemble des prix des grains », estime Sébastien Poncelet, directeur du développement au sein du cabinet Agritel. Cité dans un communiqué publié le 14 janvier 2020 par le cabinet, il souligne qu’à la différence des variations de prix de ces dernières années, « nous sommes loin d’un épiphénomène qui touche un produit distinct, à cause d’un incident climatique ponctuel et d’une une mauvaise récolte ici ou là ».
Agritel met en avant des hausses de prix importantes par rapport à l’année dernière à la même époque : +20 % pour le blé, +30 % pour l’orge de brasserie et le maïs, +40 % pour les tourteaux de soja utilisé en alimentation du bétail et jusqu’à +50 % pour l’huile de tournesol.
> À lire aussi : 2021, l’année du « réveil » des matières premières agricoles (12/01/2021)
Tension fondamentale
Selon Sébastien Poncelet, il existe une réelle tension fondamentale sur les matières premières agricoles. « L’année 2020 a connu un certain nombre de déboires du côté de la production : c’est le cas pour le blé en France et en Europe, le maïs aux États-Unis et en Ukraine, le tournesol sur l’ensemble du bassin de la mer Noire et l’huile de palme en Malaisie et Indonésie », souligne Agritel.
« C’est désormais l’Amérique du Sud, ressource majeure en maïs et en soja, qui suscite des inquiétudes avec un risque de sécheresse lié au phénomène climatique La Niña », ajoute le cabinet.
Sécuriser les stocks face à la pandémie
« Le changement majeur repose sur une l’accélération de la demande avec la pandémie mondiale Covid-19 qui incite désormais les grands pays importateurs à sécuriser des stocks alimentaires chez eux plutôt que de les laisser chez les vendeurs à l’autre bout de la planète », explique Sébastien Poncelet.
Le cabinet souligne notamment l’importance des achats chinois, à des volumes « jamais atteints auparavant ».
> À lire aussi : Les perspectives d’exportation du blé tendre français s’élargissent (13/01/2021)
Contrôler l’inflation en limitant les exportations
« Cette spirale haussière est accentuée par la volonté des grands pays exportateurs à protéger, eux aussi, leurs propres marchés domestiques de l’inflation galopante des prix alimentaires », précise Agritel :
Premier exportateur mondial de blé, la Russie va ainsi taxer et contrôler sous quota ses exportations de blé dès le 15 février. L’Argentine et l’Indonésie ont également pris des mesures en ce sens pour leurs productions agricoles respectives.
Du temps pour retrouver un équilibre
Le cabinet de conseil se demande jusqu’à quand cette situation de hausse des prix peut durer. « Il faut que les prix élevés stimulent suffisamment la production à venir à travers des hausses de surfaces cultivées et une intensification des cultures. Il faudra aussi, hélas, que les prix élevés réduisent la demande de grains. Tout cela prendra donc du temps pour rétablir une situation de marché plus apaisée », détaille Sébastien Poncelet.
Cette situation replace l’agriculture et l’approvisionnement alimentaire au cœur des enjeux stratégiques mondiaux. « Les pays les plus pauvres qui risquent de connaître de nouvelles tensions en ont conscience, ceux qui ne manquent de rien devraient s’en préoccuper » insiste Sébastien Poncelet.
Selon l’expert, la hausse du coût de l’alimentation devra être acceptée par les distributeurs et leurs clients consommateurs pour préserver les filières de production et la souveraineté alimentaire.
> À lire aussi : Les stocks mondiaux de céréales se tendent encore plus (13/01/2021)