Quels sont les points clés pour structurer des filières biologiques en grandes cultures ? Voici la question à laquelle Didier Marie, directeur général de DuranSia, Bernard Martin, directeur des opérations d’Ekibio, et Pierre Milliard, chef de projets pour les filières bio chez Carrefour, ont apporté des éléments de réponse ce 21 septembre 2021 au salon Tech&Bio.
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Accompagner techniquement les agriculteurs
Selon Didier Marie, l’accompagnement technique des agriculteurs est primordial : « Nous avons galéré pendant deux ans pour trouver les bons facteurs de production pour les légumes secs, ce qui nous a conduits à retirer les haricots car c’était trop compliqué à conduire. » La coopérative travaille actuellement sur le semis sous couvert pour la lentille, en cherchant le couvert le plus approprié à la culture.
Pour Bernard Martin, la filière du blé dur d’Ekibio fut aussi « un travail de longue haleine », le temps de maîtriser les paramètres agronomiques. L’entreprise se réjouit aujourd’hui des 1 500 hectares engagés dans la démarche. « Nous travaillons actuellement sur la filière du sarrasin, en cours de structuration : cette culture doit avoir une place dans la rotation et non être considérée comme une option de remplacement. »

Contractualiser pour préserver le marché
Prenant l’exemple de l’équilibre entre l’offre et la demande en blé meunier, Bernard Martin considère que la contractualisation, même si elle ne garantit pas tout, notamment les aléas climatiques, donne plus de visibilité.
Un avis partagé par Carrefour, qui travaille aujourd’hui avec 3 000 agriculteurs pour sa marque « Carrefour Bio filière France » : « La contractualisation est pluriannuelle et multipartite, avec une garantie de volumes minimaux et une juste rémunération des agriculteurs », explique Pierre Milliard.
Enfin, selon Didier Marie, les variations de prix peuvent être aussi temporisées par la diversification des assolements et par la recherche d’autres modes de valorisation : une réflexion a ainsi été engagée sur le marché du carbone au sein de la coopérative.
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« Défendre la réalité des prix du bio »
La concurrence des produits bio importés reste une problématique pour certaines filières. « C’est notamment le cas des huiles, comme celle du tournesol, où il nous est difficile de construire un modèle économique », détaille Pierre Milliard.
Selon Bernard Martin, les coûts de production supplémentaires induits par le bio origine France devraient être davantage pris en compte dans le prix final : « Il est nécessaire de défendre la réalité des prix du bio et de le faire comprendre aux consommateurs », assure-t-il.