2018 sera-t-elle l’année du débat sur le foncier agricole ? Si les suites des États-généraux de l’alimentation continueront à animer les discussions, la question du foncier, avec le début des travaux en janvier d’une mission parlementaire menée par le député Dominique Potier, ne devrait pas être en reste. La Coordination rurale (CR) l’a bien compris et a profité de ses vœux du 10 janvier 2018 pour présenter ses propositions.

 

« Nous sommes favorables à un régime fiscal confiscatoire pour inciter les cédants à attribuer leurs terres aux jeunes » a déclaré Véronique Le Floc’h, secrétaire générale du syndicat. L’objectif affiché est d’éviter l’appropriation du foncier par des investisseurs privés, « étrangers ou non ». L’exploitant devrait pouvoir rester maître de son outil foncier, et surtout de sa valeur insiste le syndicat. « En fin de carrière, les bâtiments ne valent rien, alors que les terres, elles, conserveront toujours une valeur ! ».

Un contrôle des structures et des Safer opaques

Une fiscalité avantageuse ne saurait suffire. Bernard Lannes, président de la CR, a appelé à davantage de transparence dans le contrôle des structures et des missions réalisées par la Safer. « La Safer n’est pas un outil qu’on souhaite voir disparaître, mais il est nécessaire de la moderniser pour remettre le foncier dans les mains des exploitants. » Les montages sociétaires contournant son droit de préemption sont les principales cibles.

« Anticiper la baisse des aides de la Pac »

Bernard Lannes n’oublie pas que pour devenir propriétaire, il faut avant tout avoir la capacité financière d’acheter. « Sans prix davantage rémunérateurs, les exploitants ne pourront acquérir le foncier ». Pour y arriver, le syndicat milite notamment pour une traçabilité intégrale des produits alimentaires mentionnant l’origine des produits. Son idée : un flash code lisible par le consommateur grâce à un smartphone. « Ce système est très simple et peut-être décrété dès demain. »

 

Interrogé sur la position de la France de privilégier le budget européen de la sécurité au détriment de celui de la Pac, Bernard Lannes n’a pas été surpris. « Les aides de la Pac diminueront. Il est dès lors nécessaire de l’anticiper en adoptant une agriculture qui soit rémunératrice d’elle-même ».

Un nouveau projet pour les chambres d’agriculture

L’autre chamboulement qui s’annonce concerne les missions des chambres d’agriculture. « Le système actuel des chambres d’agriculture est fini » selon Bernard Lannes. Il les accuse de « faire davantage de commerce que du véritable conseil aux agriculteurs » et propose un « nouveau projet ». Les élections des chambres d’agriculture de 2019 seront l’occasion de présenter ce projet.