Le prix de gros du bétail a atteint ce jeudi 30 mars 2023 son plus haut niveau depuis plus de huit ans aux États-Unis. Il a été tiré à la hausse par le repli du cheptel, attribuable à la sécheresse et à l’augmentation des coûts d’élevage. Le contrat à terme pour livraison en avril sur le bétail vivant, coté à la Bourse de Chicago, est monté jusqu’à 167,65 cents la livre, soit environ 3,70 dollars le kilo, une première depuis décembre 2014.
Des prix jamais atteints depuis 2014
« La première raison, c’est que l’offre est moins abondante », explique David Anderson, professeur à l’université Texas A&M et spécialiste du bétail. Selon les chiffres du ministère américain de l’Agriculture (USDA), la population des bovins à viande s’est contractée de 3,5 % entre les deux recensements de janvier 2022 et janvier 2023. Depuis 2019, la baisse atteint 8,7 %. Cette diminution du cheptel est d’abord attribuable à la sécheresse, selon David Anderson.
La sécheresse a durement frappé le Texas, l’Oklahoma, le Nebraska et le Kansas, qui concentrent près d’un tiers du cheptel américain (32 %). « Quand il ne pleut pas, on n’a pas l’herbe dont on a besoin, souligne David Anderson. Et plus la sécheresse dure, plus il y a d’éleveurs qui sont contraints de vendre une partie de leur troupeau. » À en juger par les données du Centre national de gestion de la sécheresse, « on continue à être en situation de sécheresse dans une région du pays où sont élevés la majorité des bovins à viande ».
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« Élever du bétail n’est pas rentable »
Outre les éléments climatiques, « le prix des veaux est faible comparativement aux coûts » de production, ajoute David Anderson. « Élever du bétail n’est pas rentable » en ce moment, selon lui. La réduction du cheptel intervient alors que la demande reste élevée.
Les Américains ont consommé, en moyenne, 111,6 livres de viande rouge par personne l’an dernier, soit environ 50 kg. La quantité est quasi identique à celle des trois années précédentes. La diminution du nombre de têtes de bétail est compensée, selon David Anderson, par l’augmentation continue de la quantité de viande produite par bovin, qui a permis aux États-Unis d’enregistrer, en 2022, un record historique, à 12,8 millions de tonnes.