Une plante multiple
Nombreux débouchés
La paille de chanvre est constituée de la chènevotte et de la fibre. « La chènevotte peut récupérer quatre fois son volume en humidité », précise Nathalie Fichaux, directrice d’InterChanvre. Cette partie est notamment utilisée comme litière végétale mais peut aussi être transformée en béton végétal. Autrefois exploitée dans la papeterie, la fibre connaît désormais un débouché dans le textile. Les graines de chanvre ou chènevis sont largement utilisées en oisellerie. « Elles intègrent le plan protéines, souligne l’experte. Elles sont désormais valorisées dans l’alimentation humaine et les cosmétiques. » Le cadre légal a évolué en décembre 2021, la récolte de la fleur de chanvre est autorisée pour la production de cannabidiol (CBD).
Aspects environnementaux
« La culture du chanvre est sans OGM, zéro phyto et zéro déchet, souligne la directrice d’InterChanvre. Aujourd’hui, 15 % des producteurs ont le label AB. » Cette culture ne nécessite pas d’irrigation. Les racines pivotantes et profondes assurent une bonne résistance à la sécheresse. En captant 15 t de CO2/ha tous les ans, la culture de chanvre est aussi considérée comme un puits de carbone. « Un travail est en cours pour valoriser la captation de carbone réalisée par les producteurs », confie Nathalie Fichaux. Trois labels de qualité nationaux avec leur propre cahier des charges viennent garantir la traçabilité des productions.
Intérêts agronomiques
Le chanvre est une excellente tête de rotation, il augmente de 8 à 10 % le rendement de la culture suivante. « Il peut revenir tous les cinq ans dans une rotation et sept ans en agriculture biologique », indique Nathalie Fichaux. Culture de printemps, semée en avril-mai puis récoltée en septembre, il libère le sol suffisamment tôt pour être un bon précèdent de blé. Les périodes de travail (semis, apport d’engrais, récolte) s’intègrent dans le calendrier des grandes cultures.
Culture à contrat
Rôle de la chanvrière
Les producteurs de chanvre industriel doivent contractualiser avec une chanvrière, chargée de la collecte et de la première transformation de la production. Il en existe six sur l’ensemble du territoire. « Le contrat repose sur des surfaces ou des tonnages et sur un prix, détaille Nathalie Fichaux. Un système de bonus-malus vient compléter le système pour garantir la qualité. La durée va de un an à cinq ans. »
Récolte déléguée
« Les chantiers de récolte sont souvent délégués à des prestataires ou à la chanvrière », poursuit l’experte. Deux modes de récolte existent. Le mode non-battu, pratiqué à partir de mi-août, permet de récolter la tige uniquement. Le mode battu, effectué au mois de septembre, permet, quant à lui, de récolter la paille (6,4 t/ha) et les graines (0,9 t/ha). Deux passages sont parfois nécessaires pour récolter la graine puis faucher les tiges. Mais ces opérations peuvent être réalisées simultanément avec du matériel spécifique.
Culture réglementée
La culture de chanvre est soumise aux réglementations européenne et française. Les semences utilisées doivent être certifiées et inscrites au catalogue européen. Elles garantissent un taux de tetrahydrocannabinol (THC) inférieur à 0,2 %, la limite légale. « Ce taux atteindra 0,3 % avec la nouvelle Pac », souligne Nathalie Fichaux. Avant récolte, le taux de THC est contrôlé dans près d’un tiers des surfaces cultivées via des prélèvements analysés en laboratoire.
Alessandra Gambarini
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