« La plupart d’entre nous doivent jeter les œufs à la poubelle. C’est dingue ! », regrette Thierry Dubarry, éleveur et président de l’association La poule gasconne. Les éleveurs de cette poule de chair ont donc affiché leur volonté d’ouvrir, dès le début 2026, un centre de conditionnement des œufs. Pour cela, ils ont lancé un financement participatif sur Miimosa (1). « La Sica (Société d’intérêt collectif agricole) gère déjà le couvoir et portera le nouvel investissement. Il est prévu de payer les éleveurs deux euros la douzaine d’œufs », se félicite Thierry Dubarry. Cette activité additionnelle permettra aussi d’étaler davantage les rentrées d’argent, qui dépendent jusqu’ici uniquement de la vente de viande.
Une volaille d’exception
« Notre volaille est un produit d’exception que nous tuons entre 150 et 200 jours, pour un poids moyen de la poule à 1,5 kg PAC et du poulet à 2,1 kg PAC », poursuit l’éleveur. Une volaille d’extérieur qui « aime se dépenser », tout en étant nourrie « en grande majorité » avec les céréales de l’exploitation. Ces spécificités ont poussé la quinzaine d’éleveurs de la filière à déposer, l’an dernier, un dossier de reconnaissance d’une AOP (appellation d’origine protégée). Ce label concernerait le nord des Hautes-Pyrénées, le sud du Gers et une petite partie de la Haute-Garonne et des Pyrénées-Atlantiques. Aujourd’hui, la production s’écoule, via la Sica ou en vente directe, dans le Sud-Ouest principalement, mais aussi dans toute la France, en Belgique et en Italie, y compris dans des restaurants étoilés. « Les grands restaurants demandent une AOP. Cette obtention nous permettrait de passer de 20 000 volailles produites par an à 25 000 ou 28 000 dans 3 ans », anticipe Thierry Dubarry.
2 euros par volaille pour l'éleveur
Ce développement bénéficierait à la Sica qui a beaucoup souffert de la baisse de production pendant la grippe aviaire. « Il y a eu quelques retards de paiement et ce sont les éleveurs qui ont fait le tampon. C’est différent avec les groupes coopératifs. Mais ce n’est pas notre modèle. Nous élevons une volaille de qualité, à une échelle artisanale, où le prix est défini en partant de la rémunération de l’éleveur. » Ainsi, chaque volaille rapporterait environ deux euros à l’agriculteur. Autant d’atouts qui, espèrent les éleveurs de la noire d’Astarac-Bigorre, donneront envie à d’autres de les rejoindre, « même si cette activité ne peut être que complémentaire ».