Le 22 décembre 2025, le gouvernement britannique a présenté sa nouvelle stratégie en matière de bien-être animal. Pour la travailliste Emma Reynolds, secrétaire d’État à l’Environnement, ce plan prévoit de « mettre en œuvre les réformes les plus ambitieuses en matière de bien-être animal depuis une génération ».

Si la stratégie contient de nombreuses avancées concernant les animaux domestiques et les animaux sauvages, elle vise tout autant les pratiques auprès des animaux d’élevage. Le gouvernement entend notamment :

  • S’éloigner des systèmes de confinement tels que les cages collectives pour les poules pondeuses et l’utilisation de cages de mise bas pour les porcs ;
  • Aborder les problèmes de bien-être animal liés à l’utilisation du dioxyde de carbone pour étourdir les porcs ;
  • Promouvoir l’utilisation des races de poulets de chair à croissance lente.

Vers des systèmes sans cage pour toutes les poules pondeuses

Le gouvernement britannique confirme son engagement pour « une transition vers des systèmes sans cage pour toutes les poules pondeuses, grâce à des subventions pour les éleveurs en Angleterre ». Les autorités souhaitent abandonner petit à petit les élevages de poules en batterie, voire bientôt ceux « en colonie enrichie » qui désignent des élevages aux conditions intermédiaires où la poule et ses œufs sont séparés du fumier. Ces derniers fournissent un peu plus de 20 % de la production britannique d’œufs.

La transition s’est récemment accélérée par l’engagement des grands détaillants britanniques à cesser de vendre des œufs provenant de poules gardées dans des cages de colonie d’ici à la fin de 2025 — certains détaillants prolongeant leur engagement pour 2025 aux œufs transformés, qu’ils soient en poudre ou liquide.

Supprimer l’utilisation de systèmes de confinement intensifs pour les truies

S’agissant des cages de mise bas pour les truies, le gouvernement travailliste rappelle qu’environ « 92 % des systèmes de production en intérieur [les] utilisaient encore en 2024, selon la National Pig Association (NPA). Conçu pour éviter que les porcelets ne soient écrasés par leur mère après la naissance, ce système « limite les mouvements de la truie, l’empêchant de se retourner et d’adopter des comportements naturels », relèvent les autorités.

Si 50 % du cheptel britannique de truies accouchent déjà librement dans des unités extérieures sans confinement, le gouvernement souhaite « travailler avec le secteur pour évacuer toutes les truies des caisses de mise bas pendant une période de transition durable », et ce afin d’améliorer leur bien-être.

Face à cette stratégie, la National Pig Association, organisation professionnelle britannique représentant les éleveurs porcins, déclare qu’elle « préférerait voir une transition progressive dans un délai raisonnable vers des systèmes de mise bas flexibles qui laissent à la truie plus de temps sans confinement », plutôt qu’une interdiction immédiate des systèmes de mise bas conventionnels.

Épargner les animaux des souffrances lors de l’abattage

« Tous les animaux devraient être épargnés de douleurs, souffrances et détresses évitables lorsqu’ils sont tués », martèle par ailleurs le gouvernement britannique, évoquant notamment « l’urgence de traiter les problèmes de bien-être liés à l’étourdissement à haute concentration de CO2 chez les porcs ». À ce sujet, il rappelle la mission confiée à l’Animal Welfare Committee » (AWC) visant à identifier des méthodes alternatives d’étourdissement. Le comité a conclu en octobre 2025 que l’utilisation de gaz à de telles concentrations de CO2 « devrait être interdite » au profit de techniques d’étourdissement à l’argon ou par choc électrique, « plus respectueuses du bien-être des porcs ».

Selon Katie Jarvis, conseillère politique en chef de la NPA, bien que de nombreuses autres méthodes d’étourdissement soient à l’étude dans le monde, « pour l’instant, il n’existe pas d’alternatives viables » aux techniques traditionnelles. « Aucune n’en est encore au stade où elles peuvent être adoptées commercialement », ajoute-t-elle. Le gouvernement a indiqué son souhait de consulter rapidement la profession sur le sujet.

Enfin, alors que chaque année au Royaume-Uni, environ 40 à 45 millions de poussins mâles de races de poules pondeuses conventionnelles sont abattus dans les 12 à 36 heures suivant l’éclosion, le gouvernement rappelle ici aussi sa volonté de « mettre fin à la pratique de tuer des poussins d’un jour ». En ce sens, il salue « l’intérêt de l’industrie britannique des œufs pour le développement de la technologie de l’ovosexage » permettant de déterminer le sexe du poussin directement dans l’œuf.

Encourager les éleveurs à abandonner la mutilation

Le sujet des mutilations autorisées d’animaux tels que la caudectomie sur les porcs et les agneaux, ainsi que l'épointage des poules pondeuses revient aussi sur la table. Ces cas particuliers sont des exceptions incluses dans un règlement britannique de 2007 relatif aux mutilations animales, mais le gouvernement souhaite « encourager les agriculteurs à abandonner l’utilisation systématique de ces procédures ». Pour cela, il entend « travailler avec les secteurs pour réduire leur fréquence » et « améliorer l’utilisation des anesthésiques et des analgésiques » lorsqu’elles sont nécessaires.

Réduire au maximum le transport d’animaux

S’agissant du transport d’animaux d’élevage, le gouvernement indique qu’ils ne doivent être transportés « que si cela est nécessaire, et que le transport soit fait par la voie la plus soucieuse du bien-être animal ». Par ailleurs, « la durée des trajets doit être réduite quand c’est possible », poursuit-il.

La mise en œuvre de la stratégie du gouvernement doit aboutir « d’ici à la fin de 2030 ». Les autorités indiquent qu’elles travailleront d’ici là avec les parties intéressées ».