« En 2024, la consommation de viande de lapin en France poursuit sa tendance à la baisse, pour s’établir à 0,3 kg-équivalent carcasse par habitant et par an, soit une diminution de 4,8 % par rapport à 2023 », explique Simon Fourdin, directeur du pôle de socio-économie à l’Institut technique d’aviculture (Itavi). Cette évolution confirme une dynamique engagée depuis plusieurs années. La France est le troisième producteur européen et le sixième consommateur par habitant. Plusieurs facteurs expliquent ce recul : l’évolution des habitudes alimentaires, les préoccupations croissantes concernant le bien-être animal, ainsi qu’une concurrence renforcée des autres viandes.

La vente de lapins entiers continue de reculer au profit des découpes. En 2023, la part du lapin entier était déjà passée sous la barre des 50 %, et cette tendance s’accentue en 2024 (47,5 %). Par ailleurs, les prix ont globalement augmenté entre 2023 et 2024 (+1,6 %). Seules les gigolettes se distinguent, avec une hausse de la consommation (+9,6 %) et une baisse de prix (–2 %).

Baisse plus marquée en GMS

« La baisse de la consommation de lapin est plus marquée en grande et moyenne distribution (GMS) qu’en restauration hors domicile (RHD). En 2024, les achats des ménages ont représenté 13 200 tonnes, soit une chute de 33 % depuis 2020. Le coût par portion reste supérieur à celui du poulet (1,69 € contre 1,22 €), ce qui constitue un frein en période d’inflation. Les formats entiers ou demi-pièces sont également moins adaptés aux petits foyers », indique-t-il.

La consommation de lapin se concentre principalement chez les ménages aisés ou de classe moyenne, tandis que les foyers modestes privilégient des viandes plus abordables. Le lapin est ainsi positionné comme une viande de plaisir, consommée occasionnellement. Les seniors surconsomment nettement par rapport au reste de la population : les plus de 50 ans représentent 81 % des achats en volume en 2024, cette catégorie restant attachée aux habitudes alimentaires traditionnelles et aux produits de qualité.

Tout l’enjeu pour la filière est d’attirer des ménages plus jeunes et plus modestes afin de diversifier la clientèle et relancer la consommation.