Sur fonds de réchauffement climatique et de tension sur les usages de l’eau, le projet Gest’Olav vise à caractériser les eaux de lavage. Dans ce cadre, « nous avons interrogé les éleveurs sur leur niveau de consommation », explique Solenn Fassion, chargée de mission à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire, l’un des trois partenaires — avec l’Itavi (Institut technique de l’aviculture) et la chambre de Bretagne — de ce projet. L’enquête s’est déroulée en 2022. Soixante-treize aviculteurs y ont participé. A l’arrivée, un premier repère : pour nettoyer un mètre carré de poulailler, il faut entre 8 et 27 litres d’eau. « L’espèce est le premier facteur différenciant. En poulet de chair, par exemple, la consommation moyenne est de 7,9 l/m². En canard gras, on est à 9,5 litres ; en dinde, à 11,5 l et en canard de chair, à 26,9 l. »
Focus sur le poulet de chair
L’enquête menée auprès des éleveurs bretons et ligériens a permis d’actualiser les données de l’Itavi qui dataient de 2012. En dix ans, certaines espèces ont réduit leur consommation. C’est le cas du canard gras (18,10 l/m² nettoyé en 2012 contre 9,5 l/m² en 2022) et du canard de chair (63,89 l/m² nettoyé en 2012 contre 26,9 l/m² en 2022). A l’inverse, en poulet de chair, la consommation d’eau a quasi triplé. « Elle est passée de 2,41 l/m² à 7,9 l/m² », détaillent les partenaires de Gest’Olav. Ils mettent en avant « une plus grande vigilance sous l’effet d’une pression sanitaire accrue » mais surtout le développement des sols en béton. Dans ce type de bâtiments, la consommation grimpe à 9,6 l d’eau par m² nettoyé contre 6,9 litres pour un bâtiment avec un sol en terre battue.
Poursuivant l’analyse des consommations, Gest’Olav s’est intéressé aux pratiques de lavage et à leur incidence sur la consommation d’eau. Dans le cas du prétrempage, technique qui consiste à humidifier les parois avant leur décapage à haute pression, « il n’y a pas d’effet significatif », constate Solenn Fassion. A l’inverse, l’utilisation, avant le lavage, d’un détergent pour casser le biofilm qui s’est déposé sur les parois pendant le cycle d’élevage a un impact positif, de l’ordre de moins de 3 l/m².
Vers une approche globale
Gest’Olav n’est pas le seul projet qui s’intéresse à la consommation d’eau dans les élevages avicoles. En Auvergne-Rhône-Alpes, Cerceau 1 (construire et actualiser des références de consommation d’eau) a suivi trente-six éleveurs — de poulets de chair (claustrés/non claustrés), de poules pondeuses (claustrées/non claustrées) et de canards gras (sur caillebotis) — pendant un an. « Notre région ayant déjà connu des pénuries d’eau, nous avons opté pour une approche globale qui intègre l’eau de lavage, de brumisation et d’abreuvement », indique Léa Ottmann, chargée de mission à l’Itavi. Les consommations ont été relevées tous les jours et les premiers résultats présentés au début d'avril. « Quelle que soit l’espèce, l’abreuvement reste le premier poste de consommation. En volaille de chair, la brumisation (15 % du total, soit 22 l/m²) arrive devant le lavage. En poule pondeuse, c’est le contraire. » Aujourd’hui, dans le cadre de Cerceau 2, l’Itavi travaille sur des alternatives au réseau d’eau potable. L’étape ultime ? Concevoir un outil de pilotage « adapté au système d’élevage, qui tienne compte des conditions pédoclimatiques et de la météo ».