« Rien ne me prédestinait à m’engager, n’ayant aucun antécédent familial. Mon désir d’aider les autres et de servir m’a guidé vers les pompiers. J’apprécie l’adrénaline et retrouve l’esprit d’entraide du monde agricole. En 2004, j’ai intégré la caserne comme sapeur-pompier après avoir participé à toutes les formations pour être opérationnel sur les interventions de secours à la personne, la lutte contre les incendies puis les feux de forêt. Installé en 2007, j’ai poursuivi cet engagement citoyen et suis aujourd’hui sergent-chef. À la caserne, nous sommes 27 volontaires pour près de 400 interventions par an. Seul agriculteur du groupe, j’aime échanger avec des collègues venus d’autres horizons professionnels. Nous assurons une garde une semaine par mois du lundi 20 h au lundi suivant 7 h, impliquant une disponibilité nuit et week-end. Le reste du temps, nous indiquons nos disponibilités au centre opérationnel départemental d’incendie et de secours (Codis) via une application mobile avec l’obligation d’être à moins de 5 minutes de la caserne pour chaque départ en intervention. »
« Dès que le bip vibre à la ceinture, je lâche tout pour intervenir. Lorsque je travaille sur le site d’élevage, proche de la caserne, je transmets mes disponibilités au codis. Être en Gaec avec un oncle et disposer de robots de traite me facilite la gestion des horaires, car je peux terminer les tâches après l’intervention. Mes parents retraités m’aident aussi en cas de besoin. En revanche, si je suis sur l’autre site à 30 km ou dans les champs, je ne suis pas disponible. L’été 2022, lors des feux de forêts de grande d’ampleur, la période a été particulièrement éprouvante : nous avons été mobilisés sur trois feux en quatre jours, ce qui a demandé de l’endurance et une forte concentration en tant que conducteur du camion sur des sentiers avec les flammes à proximité. »
« Après une formation, j’ai intégré l’équipe animalière qui intervient pour la capture ou le sauvetage d’animaux (NAC (1), divagation…). Mon expérience et mon œil d’éleveur m’aident à mieux appréhender certaines situations. Ma connaissance du territoire est utile pour se repérer. En tant qu’agriculteur référent pour les feux de forêts sur le secteur de Brocéliande, je coordonne une dizaine d’exploitants volontaires pour venir en soutien logistique aux pompiers pour l’approvisionnement en eau lors de gros incendies. Pompiers et agriculteurs n’ont pas toujours les mêmes codes, le même langage (carte ou coordonnées GPS, acronyme des matériels comme pour le camion incendie (CCF, GIFF (2) …). Ma double casquette me permet de faire le lien entre les deux.
Pour la moisson (3), on ne peut que conseiller d’éviter, dans la mesure du possible, les pics de chaleur et surtout de prévoir des moyens d’intervention à proximité (tonne à eau, déchaumeur) afin de réagir en cas de départ de feu, tout en restant prudent. »
(1) Nouveaux animaux de compagnie
(2) Camion-citerne feux de forêt et Groupe d’intervention feux de forêts.
(3) lire aussi « cinq conseils pour limiter les risques d’incendies à la récolte » dans la France Agricole du 27 juin 2025, page 44