Chez Jean-Paul Pichaud, éleveur à Saint-Clément-de-la-Place au nord-ouest d’Angers (Maine-et-Loire), la phytoépuration est une pratique déjà ancienne. « Ma première installation date de 2004-2005 », précise l’agriculteur en agriculture biologique sur 100 ha dont 80 sont occupés par des prairies. Toujours en fonctionnement, cet ouvrage traite les eaux de lavage de la salle de traite, des matériels et plus récemment celles du laboratoire de transformation. Il se compose de plusieurs filtres dont un premier, à base de paille, qui permet de sédimenter et retenir les matières grossières.

La mare ci-contre a été rénovée à la fin de 2016. Elle est reliée à une source et sert de point d’abreuvement. ( ©  Anne Mabire )

« Derrière, j’ai un filtre planté de roseaux à deux compartiments avec trois couches de graviers de différents calibres puis un bief (30 m²), également planté et enfin une noue d’infiltration bordée d’eucalyptus, détaille Jean-Paul. L’ensemble fait 100 mètres de longueur sur 4 mètres de largeur. À la sortie, l’eau est rejetée dans un fossé. »

Jouer sur la pente naturelle

Depuis cinq ans, l’éleveur transforme de l’ordre de 60 000 litres par an, soit environ 15 % de sa production laitière totale. À la création du laboratoire, pour ses eaux de lavage (2 m³ par jour), il a été autorisé à utiliser le système de phytoépuration en place. « Mais comme il arrivait à saturation, je m’étais engagé à investir dans un nouveau dispositif. » Ce dernier est aujourd’hui en phase de concrétisation. Il a été conçu avec l’aide du service du bâtiment de la chambre d’agriculture du Maine-et-Loire, dans le souci de valoriser des éléments « naturels ». En l’occurrence, le relief et l’arbre. Concrètement, il s’articule autour d’un bassin temporaire de sédimentation (BTS) de 150 m³, d’une prairie arborée (5 000 m²) et d’un équipement d’irrigation.

« La parcelle fait 5 000 m² avec un dénivelé naturel de 4 mètres »

« Le bassin sera prêt à la fin de l’année ; la parcelle phytoépuratrice et les réseaux le sont déjà » , précise Jean-Paul. Dans ce nouveau système, à la sortie de la salle de traite ou du laboratoire, les eaux de lavage iront dans le BTS. Ensuite, via une pompe et quatre électrovannes, elles seront évacuées vers la prairie. Orientée nord-sud, avec un dénivelé naturel de quatre mètres, elle a été divisée en quatre paddocks (voir l’infographique ci-dessous). Chacun est bordé par une haie plantée en « L ». Au pied des alignements, des tuyaux d’irrigation et des arroseurs ont été installés. Les paddocks seront irrigués en alternance, avec une rotation sur un mois.

Intégrer des fourrages ligneux

L’éleveur a planté 300 mètres linéaires de haies au début de 2022, sur talus haut de 40 à 60 cm. « Pour éviter que l’eau ne stagne dans un paddock, il y a la même hauteur aux deux extrémités de la haie », précise-t-il. Les plantations combinent des essences qui supportent bien l’eau (saule, osier, mûrier blanc) et/ou peuvent servir de fourrages ligneux (noisetier, érable champêtre, cornouiller sanguin, sureau noir). Pour l’ombrage, quelques arbres de haut jet (chênes, frênes) ont également été prévus. Chez Jean-Paul Pichaud, les animaux pâturent en moyenne du 1er mars au 1er novembre. « Cette parcelle fait partie du système fourrager. J’y mettrai plutôt des vaches taries et c’est d’ailleurs ce que j’ai fait cette année. »