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Plusieurs craintes sont liées à une seule traite journalière : baisse de production laitière, augmentation des taux cellulaires et répercussions économiques. Thibaut Audouin et Maxime Bélouard, éleveurs de 45 vaches normandes à Chemazé (Mayenne), pratiquent la monotraite depuis 8 ans. « Au départ, une baisse de 30 % des volumes produits est quasi inévitable, explique Thibaut. Nous avons pour objectif de production de 3 500 l par vache et par an. Nous dégageons deux revenus avec 130 000 l vendus. » Le lait est plus riche qu’avec deux traites par jour : les taux de matière utile sont supérieurs. Avec la monotraite, moyenne, les résultats moyens sont passés de 34,2 à 36,4 g/kg en TP et de 40 à 45,2 g/kg en TB. Les deux associés vendent leur production à une coopérative, qui produit des fromages au lait cru.
Rigueur sanitaire
Sur le plan sanitaire, la rigueur prévaut. « Nous surveillons de très près les taux cellulaires, ainsi que les comptages en staphylocoques et coliformes », détaille Thibaut. Ces bactéries peuvent apparaître à la suite de mammites ou d'un mauvais nettoyage du matériel de traite. La prévention est de mise : « Si une vache présente des problèmes sanitaires, nous pouvons la diriger vers un rôle de mère nourrice pour les veaux. »
Peu de leviers curatifs sont actionnables en cas de taux cellulaires importants. Les facteurs de risque doivent donc être limités. Une absence déséquilibre alimentaire, des animaux peu stressés et une situation sanitaire saine sont indispensables avant le passage à une seule traite quotidienne. « Le cahier des charges du fromage au lait cru nous interdit l’utilisation de fourrages humides, précise Thibaut. L’alimentation sans fourrage conservé humide réduit les risques de problèmes sanitaires. La génétique des animaux peut aussi jouer un rôle. »
Pas d’investissements
La pratique de la monotraite rentre dans une démarche de baisse des coûts sur l’exploitation. « Nous avons réduit de 40 % certaines consommations d’énergie, notamment pour le tank et la machine à traire », calcule Thibaut. Dans cette logique, lors de son installation en 2011, il a abandonné les 15 hectares de maïs de l’exploitation en l’espace de deux ans. L’objectif : minimiser le travail du sol, et les charges de mécanisation de manière générale. Le foin est en libre-service, récolté lors d’une seule fauche annuelle, et l’herbe est majoritairement pâturée.
Selon les deux associés, le passage à la monotraite « est réversible et ne coûte rien ». La baisse de volumes produits est « largement compensée par le gain de temps et la diminution des charges », estiment-ils. Thibaut reconnaît « qu’il peut y avoir un frein psychologique lié notamment au rapport au travail. Or alléger l’astreinte est un argument pour motiver les nouvelles générations. »