«Les génisses sont souvent le parent pauvre de l’atelier lait », déplore Murielle Cantin, installée avec son époux Daniel à Pierrefontaine-les-Varans, dans le Doubs, en zone à comté. Tous deux accordent, à l’inverse, beaucoup d’importance à leurs veaux. Car « même si les bénéfices ne sont pas visibles rapidement, contrairement aux soins accordés aux laitières qui s’observent dans le tank, les différences à terme sont importantes ». Il y a quatre ans, Murielle et Daniel ont suivi une formation spécifique aux génisses. Depuis, ils mesurent et pèsent tous les veaux à la naissance, puis les suivent avec attention. Sur les conseils d’Erwann Collinet, de Conseil élevage 25-90, ils ont perfectionné la phase lactée : moins de lait par repas, distribué à l’aide de biberons et pendant une durée ajustée à chaque animal. « Les veaux ne reçoivent plus que trois litres par repas, deux fois par jour, au lieu de quatre. Depuis, ils souffrent moins de diarrhée, constate Daniel. Réduire la quantité de lait leur ouvre l’appétit et il y a beaucoup moins de refus. » Du foin et des concentrés, choisis avec soin, complètent la ration. « Nous donnons notre bon foin aux jeunes veaux, poursuit-il. Pour les non-sevrés, nous avons échangé le simple concentré (VL18) contre un aliment floconné, à hauteur de 2 kg, à partir de 8 jours. Il est très appétant et de bonne valeur alimentaire. » En assurant la prise d’aliment, les retards de croissance sont évités. Ainsi, les veaux bien démarrés valorisent bien l’herbe du printemps.
Du lait jusqu’à 110 cm
Pour déterminer la date de sevrage, les éleveurs mesurent dorénavant le tour de poitrine de leurs animaux. L’arrêt du lait est déclenché à 110 cm, c’est-à-dire à l’âge de 2 mois pour les veaux les plus gros, et 3,5 mois pour les plus petits. Ensuite, jusqu’à un an, les génisses reçoivent 1,8 kg de concentré (VL18, comme les laitières), davantage que ce que Murielle et Daniel distribuaient il y a quelques années. A contrario, après insémination, les génisses ne reçoivent que très peu ou pas de complément en plus de l’herbe et du foin. « Souvent, les éleveurs ont tendance à ne pas donner assez au début, et trop quand les génisses sont plus vieilles. Or, cela ne sert plus au développement, mais favorise un dépôt de gras sur les ovaires », relève Erwann.