«Nos travaux s’inscrivent dans un contexte de montée en puissance des prairies semées à l’automne sous couvert de céréales d’hiver ou d’associations céréales-protéagineux. Dans notre région, cette technique donne de bons résultats », a expliqué le 8 avril dernier Stéphanie Guibert, conseillère à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire, à l’occasion d’une rencontre « bout de champ » dans l’exploitation de Vincent Noël (lire l’encadré ci-contre).

Sur trois campagnes (2018-2021), quatre mélanges ont été comparés. Ils ont été récoltés à quatre périodes : fin avril (très précoce), autour du 10 mai (précoce), fin mai (intermédiaire) et vers le 11 juin (tardive). Premier enseignement : quel que soit le méteil, plus la récolte est tardive et plus son rendement augmente. « En mai, on gagne environ 130 kg de matière sèche (MS) par hectare et par jour », souligne Stéphanie Guibert.

Dans le détail, à date de récolte identique, le méteil Protéa +, à base d’avoine, de pois fourrager, de vesce, de pois protéagineux et de féverole, produit moins de matière sèche que le mélange mixte (triticale, pois fourrager, vesce, féverole). « Il est toutefois plus performant en matières azotées totales (MAT), avec un maximum de 1 636 kg/ha/an en récolte intermédiaire. » En récolte très précoce, le rendement du Protéa + fléchit : 5,2 t de MS/ha pour un mélange seigle + trèfles annuels. Il est aussi moins qualitatif (9,5 % de MAT et 0,77 unité fourragère lait, UFL, par kg de MS). Ceci étant, cette baisse de rendement est compensée par la prairie. Le rendement global (11,5 t de MS) est équivalent à celui d’un mélange mixte récolté début mai. La qualité exportée reste plus faible : 1 448 kg MAT/ha, contre 1 679 kg, et 9 202 UFL/ha, contre 10 060 UFL/ha.

« Dans nos essais, quel que soit le méteil, la prairie – à base de fétuque élevée/RGA/TB/TH – s’est toujours bien implantée », précise Stéphanie Guibert.

Définir ses objectifs

« Derrière le choix d’un mélange et celui d’une date de récolte, on joue les résultats zootechniques. D’où l’importance de bien définir ses objectifs d’élevage », complète Bertrand Daveau, de la ferme expérimentale de Thorigné-d’Anjou. Conduit en agriculture biologique, ce site de 137 ha est dédié à l’élevage de 60 mères limousines : « Depuis dix ans, nous implantons chaque année 10 ha de prairies (ray-grass anglais, fétuque, lotier) sous couvert de méteils. »

Au regard des résultats obtenus, trois stratégies alimentaires ont été mises en évidence. Pour des animaux à forts besoins (vaches laitières hautes productrices, bovins à l’engrais), « on va aller chercher le maximum de valeur alimentaire. La combinaison idéale c’est un méteil riche en protéagineux, avec une récolte précoce », précise Bertrand Daveau. À l’inverse, pour des vaches allaitantes ou des bovins en croissance, un mélange mixte et une récolte tardive pourront être préférés. « Pour ces animaux, on cherche à maximiser le volume », ajoute-t-il. Dite d’équilibre, la troisième stratégie est celle qui produit le plus de protéines par hectare : « On y arrive en associant un méteil riche en protéagineux et une récolte intermédiaire.  » Anne Mabire