«Nous avons atteint l’objectif de ne plus acheter aucun aliment du commerce pour l’ensemble de notre production. Il a été remplacé par du méteil grain et de la luzerne enrubannée produits sur l’exploitation », explique Romain Chavenon, installé en Gaec avec son épouse Sandrine à Taxat-Senat, dans l’Allier. Le couple, qui emploie son neveu Baptiste depuis septembre, élève 100 vaches salers inscrites sur 260 ha de SAU, dont 120 ha sont consacrés à des cultures et 140 ha à des surfaces en herbe.
La vente directe de viande salers a été mise en place dès 1992 par les parents de Romain, Daniel et Nicole. Les éleveurs possèdent leur propre atelier de découpe et de vente de viande depuis 1998. Toutes les génisses de boucherie finies à trois ans sont vendues sur place. « Ce contact direct avec les consommateurs a alimenté notre réflexion sur une évolution de nos pratiques d’élevage. Les questions sur l’alimentation des animaux sont récurrentes dans les échanges, poursuivent Daniel et Romain. Nous sommes fiers de pouvoir désormais garantir l’origine de tous nos produits. C’est aussi pour nous une façon de réduire nos charges alimentaires de manière significative. »
Pour gagner en autonomie, les éleveurs ont semé 2,5 ha de méteil en 2015, puis 7,5 ha en 2016, et enfin 11,5 ha cet automne. Il se compose d’un mélange triticale-avoine-orge à 80 %, et pois-féverole à 20 %. Ce méteil est récolté en grains en juillet (50 q/ha de rendement). Ils ont également implanté 1,6 ha d’épeautre et 8,5 ha de luzerne.
Plus de 100 € d’économie par animal
Les veaux commencent à recevoir du méteil, enrichi de 10 % de grains d’épeautre, à partir du mois d’août, alors qu’ils sont encore au pré avec leurs mères. Sevrés et rentrés en septembre à des poids vifs de 330 à 420 kg, ils passent à un régime de blé aplati à volonté complété de 10 % d’épeautre, et d’enrubannage de luzerne. À partir de novembre, la ration compte 20 % de maïs pour 80 % de blé/épeautre. « Cette nouvelle ration de finition va nous coûter 270 € par taurillon, contre 390 € l’an passé avec un régime à base de tourteau et de luzerne déshydratée achetés », souligne Romain.
L’économie est également conséquente sur l’engraissement des génisses. « Pour une ration de finition sur 100 à 120 jours, nous passons de 2,60 € par jour et par animal à 1,78 € depuis l’arrêt des achats extérieurs. » Sevrées à dix mois, les génisses sont à un régime foin à volonté + 2 à 3 kg de méteil le premier hiver. Elles ne sont pas complémentées durant l’été. La ration de finition, l’hiver suivant, est composée d’enrubannage de luzerne à volonté et de 5 à 6 kg de méteil. « Nous avons bon espoir de maintenir nos résultats techniques au regard de l’état actuel de nos animaux », précise Romain.