« Le 11 septembre, le comité des instruments de défense commerciale de l’Union européenne examinera la proposition de la Commission instituant des mesures antidumping définitives sur les importations d’urée et de nitrate d’ammonium en solution originaires de la Russie, de Trinidad et Tobago et des États-Unis », rappelle Cédric Benoist, membre du conseil d’administration de l’AGPB et président de la FDSEA du Loiret. Pour lui, c’est un nouveau coup dur porté aux agriculteurs européens car « une telle approbation pourrait avoir une incidence sur [leur] compétitivité ».
L’Union européenne, un importateur net
« Les engrais représentent de loin notre coût de production le plus élevé, et les tarifs d’importation existants coûtent déjà un milliard d’euros par an aux agriculteurs européens, poursuit-il. […] Au second semestre de 2018, les prix des solutions d’urée et de nitrate d’ammonium dans l’Union européenne ont enregistré une hausse de 45 €/t par rapport aux marchés tiers. L’institution de mesures antidumping définitives aurait pour effet de gonfler davantage les prix dans l’Union européenne », qui est « un importateur net (environ 1,85 million de tonnes). La production européenne de solutions d’urée et de nitrate d’ammonium ne représente que 7 % du volume total des engrais azotés produits en Europe ».
Une décision déconnectée des réalités
« La Commission européenne fait valoir que les producteurs pourraient décider d’opter à court terme pour d’autres formes d’engrais solides. » Or, les solutions d’urée et de nitrate d’ammonium en solution sont très efficaces et s’adaptent aux outils et technologies de l’agriculture de précision. « Le passage aux engrais solides […] se traduirait par un doublement des équipements. Les fabricants d’engrais, au contraire, peuvent passer d’une forme d’engrais à une autre en fonction des débouchés commerciaux. »
« Le coût de l’enseignement supérieur pour mes deux plus grands enfants »
Cédric Benoist propose de mesurer l’impact de telles mesures sur son exploitation, en se basant sur ses résultats de 2018. « Si les mesures antidumping proposées par la Commission avaient été appliquées, mes coûts d’engrais auraient augmenté de 7 200 € alors que, dans le même temps, mon bénéfice aurait diminué de 37 %. En y réfléchissant, j’ai compris que cela pourrait représenter le coût de l’enseignement supérieur pour mes deux plus grands enfants.
Pour moi, les mesures antidumping proposées, qui coûteront aux agriculteurs 2,8 milliards d’euros sur une période de cinq ans, sont à la fois disproportionnées et discriminatoires. Ils augmenteraient également les droits de douane à l’importation existants. »
C’est pourquoi il demande que « cette enquête commerciale soit clôturée sans imposer de mesures antidumping définitives sur les importations de solutions d’urée et de nitrate d’ammonium ».