L’accessibilité et la visibilité sont les deux qualités qui encouragent les jeunes à organiser à nouveau des fêtes sur les parcelles de Stéphane Février, éleveur laitier à Abbaretz, dans la Loire-Atlantique. « Malheureusement, on est à cinq minutes de la voie rapide Nantes-Rennes. Il y a des éoliennes qui permettent d’identifier rapidement la parcelle, et l’accès est facile, à l’arrivée comme au départ », regrette Stéphane.
Cette fois, ce sont les voisins qui l’ont prévenu. « Ils m’ont téléphoné le 12 mai au matin, en me disant qu’il y avait une rave chez moi, et qu’elle était déjà installée depuis la nuit. » L’exploitant alerte alors la gendarmerie, puis tous ces collègues agriculteurs, par SMS.
Arme de dissuasion festive
Stéphane arrive sur sa parcelle vers 11 heures, sous les huées des jeunes fêtards. Il découvre, derrière plusieurs tentes, un mur de son de 15 mètres de longueur par 4 mètres de hauteur. « Un organisateur est venu discuter avec moi, mais il ne voulait pas éteindre la musique », raconte Stéphane Février.

Avec l’arrivée des gendarmes, et d’une dizaine de tracteurs, le ton change. « On avait même une tonne à lisier, mais on n’a rien déversé, c’était juste pour mettre la pression », confie Stéphane. La menace fonctionne, et la fête s’arrête un peu avant midi.
« Ils ont laissé la parcelle propre, sans déchet. Le principal dégât, c’est le tassement de la parcelle », déplore Stéphane. Car les voitures des jeunes se sont enlisées dans sa prairie, et les dépanneuses ont dû venir à leur rescousse.
Intervenir le plus tôt possible
La première fois que Stéphane a découvert une fête sauvage sur cette parcelle, en 2016, il n’avait rien pu faire. « La deuxième fois, j’ai pu intervenir avec la gendarmerie pendant la mise en place du matériel », se souvient-il. Mais cette fois, les jeunes ont été plus rapides, et surtout plus nombreux, ce qui l’a conduit à solliciter l’aide de ses collègues. « Ils étaient près de 1 000 », estime-t-il.
Stéphane a porté plainte et attend que les élus trouvent des solutions pour endiguer ce problème récurrent. Car, comme beaucoup de collègues qui traversent les mêmes épreuves, il se sent désemparé. « Ce n’est pas parce que c’est une prairie, qu’on peut faire ce qu’on veut ! Est-ce que, moi, je me permets d’aller sur la pelouse de mes voisins ? »
C’est peut-être encore une fois la méconnaissance du monde agricole, qui serait en partie responsable de ces maux. « Les jeunes m’ont dit que c’était juste de l’herbe, et que donc ils n’abîmaient rien. » Un petit rien, qui permet tout de même de nourrir les bovins pendant la moitié de l’année.