Les effets d’annonce se sont bousculés en fin d’année 2022. Alors que JCB nous conviait en Angleterre pour officialiser le « lancement en préproduction » d’un moteur fonctionnant à l’hydrogène (H2), Manitou avait choisi de nous présenter la veille, sa solution équipée d’une pile à combustible.
Ce hasard du calendrier révèle la volonté des deux géants européens de la manutention, de se sortir des énergies fossiles et se tourner vers des solutions « décarbonés ». Si les deux constructeurs proposent déjà des machines électriques avec batteries, ils semblent se diriger également dans la même voie pour les applications « off road » (non routier) nécessitant plus de puissance et d’autonomie.
Une pile à combustibles
Deux types de technologie à hydrogène sont actuellement évaluées par le marché, à savoir le moteur à combustion, et la pile à combustible. Manitou a choisi pour le moment cette seconde option. Après trois ans de développements, le français a présenté son premier prototype de chargeur télescopique fonctionnant à l’hydrogène.
La machine est équipée d’une pile à combustibles, fournissant ainsi de l’électricité pour des moteurs électriques. Le constructeur a choisi de convertir un engin de sa gamme TP, avec un MT 18-40, une machine munie d’une grande hauteur de levage.

Si Manitou a pris le parti de la pile à combustible, le constructeur français n’exclut pas pour autant le moteur à combustion. Il attend notamment le retour des premiers utilisateurs du prototype, qui sera testé en conditions réelles sur des chantiers en 2023.
Selon le constructeur, la pile à combustibles a l’avantage de n’avoir aucune combustion et donc aucun dégagement d’oxyde d’azote. Elle est également plus silencieuse qu’un moteur à explosion. En effet, c’est ici une réaction chimique entre l’hydrogène et l’oxygène, qui produit de l’électricité et rejette de l’eau.
Un moteur 4 cylindres
De l’autre côté de la Manche, le constructeur et motoriste JCB a fait un autre choix, celui de travailler sur un moteur à explosion, carburant à l’hydrogène. Il vient de présenter un 4-cylindres de 4,8 l de cylindrées, converti de la sorte. Ce dernier est pour l’instant en pré-production, mais il équipe déjà plusieurs prototypes et notamment un chargeur télescopique agricole, avec un 532.70 carburant à l'hydrogène.
Techniquement, le moteur à hydrogène reste proche de celui fonctionnant au GNR. Le bas moteur ne change pas, les grosses différences sont donc au niveau de la culasse et notamment de l’injection du carburant, ainsi qu’au niveau du réservoir de carburant. La combustion de l’hydrogène ne rejetant par de CO2 ni de particules, ce moteur a également l’avantage d’être dépourvu de système de dépollution. Ici, l’architecture et la cinématique de la machine restent identiques à un modèle au GNR.
Pas encore de disponibilité
Toutes ces innovations restent pour l’instant à l’état de prototypes, et la commercialisation comme le lancement en série ne sont pas encore pour demain. Si JCB n’annonce, pour le moment, aucune date pour l’arrivée de sa machine sur le marché, Manitou prévoit son premier chargeur télescopique à hydrogène pour 2026. Les deux constructeurs travaillent en tout cas sur différents projets et scénarios.
Chez JCB, en plus d’un télescopique, un tractopelle s’est aussi vu équiper du 4 cylindres à hydrogène. En parallèle, le Britannique a également développé une pelleteuse de 20 tonnes fonctionnant avec une pile à combustibles, mais selon ce dernier « la technologie est encore trop coûteuse et manque de fiabilité ». Manitou compte, de son côté, présenter un second prototype l’année prochaine.