Si dans le Sud et l’Ouest, la récolte de tournesol est largement entamée, voire terminée, les chantiers s’annoncent plus tardifs et compliqués sur certaines parcelles du Nord et de l’Est, comme le rapportait Mathieu Dulot, ingénieur à Terres Inovia, le 6 septembre 2023 lors d’un webinaire organisé par l'institut technique. Semis retardés, parfois réalisés en dehors des périodes préconisées ou sur sols peu ressuyés, levées difficiles, mauvais enracinement… Dans ces régions, les conditions climatiques du début de cycle ont pu conduire à une floraison tardive, parfois jusqu’en août, et à une hétérogénéité de maturité marquée au sein des parcelles. 

Pas de dessicant homologué

À noter qu’il n’existe aucun produit dessicant ou herbicide pouvant remplir cette fonction homologué sur tournesol. S’il peut être tentant d’épandre une spécialité homologuée sur une autre espèce, Aurore Baillet, ingénieur à Terres Inovia, rappelle que des contrôles fréquents sont réalisés sur grains par les acheteurs. « La présence même faible de résidus peut bloquer la commercialisation et conduire des centaines de tonnes dans des méthaniseurs », insiste-t-elle. Les fortes températures récentes pourraient cependant améliorer la situation par rapport aux prévisions de l'institut réalisées le 6 septembre 2023.

Dans le cas d’une différence significative de maturité intraparcellaire, la recherche d’un compromis est à privilégier, « sans attendre que les pieds les plus tardifs soient prêts pour limiter l’égrenage », soulignait Nicolas Latraye, également ingénieur à l'institut. L’idéal étant de pouvoir, dans un premier temps, tester la récolte pour juger de la facilité de passage de la moissonneuse et le taux d’humidité. L'échelonnement de la récolte est aussi possible lorsque les différentes zones de maturité sont bien distinctes dans la parcelle. « A conditions dans ces deux cas d’avoir sa propre batteuse », commentait Aurore Baillet.

Méthaniser en dernier recours

Les parcelles qui ont fleuri tardivement sur la moitié nord du territoire présentent un « risque important » de non-récolte en graines, selon l'institut. L'ensilage du tournesol à destination de la méthanisation peut alors constituer une porte de secours dans les situations les plus extrêmes. Attention toutefois à respecter les exigences des méthaniseurs avec qui il faudra, dans tous les cas, fixer les modalités de la vente. Souvent, le taux de matière sèche requis est compris entre 28 et 32 %, « ce qui correspond à un capitule complètement jaune, voire avec les bractées (feuilles autour du capitule) qui commencent à être brunes », rappelait Aurore Baillet.

L’option de l’andainage semble quant à elle risquée. « J’ai eu un retour d’expérience dans le nord de la France lors d’un été humide. Une fois par terre, les capitules ont repris en humidité, comme une éponge. Tout a fini broyé car impossible à sécher. Les cannes se mettent assez vite au sol. C’est assez différent d’autres espèces comme le colza par exemple qui reste plus aéré et dont l’andainage a lieu en juin/juillet avec plus de chances d’avoir des conditions séchantes », rapportait Nicolas Latraye.